Fillon, le risque du jugement des urnes

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Antonin André , modifié à
ÉDITO - L’ex-Premier ministre a contre-attaqué jeudi soir suite à l'affaire Penelope Fillon. Si juridiquement, il semble droit dans ses bottes, il doit maintenant craindre la réaction de l’opinion. 

Jeudi soir sur TF1, c’était l’heure de la contre-attaque pour François Fillon. Oui, sa femme est sa collaboratrice depuis sa première élection en 1980. "Je l’aime et je la protégerai". C’est touchant, c’est noble, c’est chevaleresque. François Fillon défendra son épouse. Il la protégera. Et il se battra.

Le jugement des urnes. Sans elle, il n’aurait pas fait la carrière qui est la sienne. C’est sans doute vrai. Une conseillère de l’ombre qui n’apparaissait pas à l’Assemblée nationale mais qui l’a accompagné. Combien de grands patrons ou de grandes dirigeantes n’auraient pas fait la carrière qui est la leur sans le dévouement de leur conjoint ? Dans l’ombre, à relire leur discours, à leur signaler un article dans la presse. Un rôle qui pour François Fillon a une valeur : 3.900 euros par mois. Et puisque l’Assemblée nationale l’autorise, il n’y a rien d’illégal. Peut-être la justice lui donnera-t-elle raison, mais en politique le juge judiciaire n’a pas le dernier mot, c'est le jugement des urnes.

Rigueur, probité, vérité... François Fillon est le candidat de la rigueur, de la probité. Aux classes populaires, il ne concède rien. Aux autres, il promet le redressement. La vérité exige de dire que la France est en faillite. François Fillon a eu ce courage là et il le revendique. Et il n’en déviera pas. Les électeurs de droite l’ont élu pour ça. Les fonctionnaires travailleront 39 heures, payées 35 voire 37. Il mettra fin aux abus, à la fraude sociale ! Comment tenir cette ligne devant l’opinion dimanche lors de son grand discours de campagne, quand tous le regarderont comme un politique qui a accordé à sa femme une rémunération de 3.900 par mois pour l’avoir accompagné fidèlement, de façon cachée, pendant tant d’années.

La clé du scrutin. Juridiquement François Fillon est peut-être droit dans ses bottes, la justice le trouvera peut-être irréprochable. Mais à trois mois d’une élection présidentielle, c’est l’opinion qui compte. Quel sera son jugement ? C’est là la clé du scrutin.