Face à Mélenchon, des élus prennent la défense de l'accent du Sud

Interrogé par une journaliste sur l'enquête visant LFI, Jean-Luc Mélenchon avait répondu mercredi en se moquant de son accent du Sud.
Interrogé par une journaliste sur l'enquête visant LFI, Jean-Luc Mélenchon avait répondu mercredi en se moquant de son accent du Sud. © Lionel BONAVENTURE / AFP
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avec AFP , modifié à
Plusieurs élus du Sud, de droite comme de gauche, ont réprimandé le leader LFI qui s'est moqué de l'accent d'une journaliste originaire de Toulouse mercredi. 

Des responsables politiques du sud de la France, de droite comme de gauche, ont critiqué jeudi le chef de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui avait tourné en dérision une journaliste en imitant son accent du Sud, certains y voyant une marque de "mépris" et d'"arrogance". "Que de mépris (...) pour l'accent de la journaliste toulousaine qui interrogeait @JLMelenchon à l'Assemblée nationale. À Toulouse, nous parlons aussi français... mais avec le soleil dans la voix. C'est le marqueur de notre identité, une de nos fiertés et j'espère que nous serons nombreux à le lui rappeler", a écrit sur Twitter le maire LR de Toulouse, Jean-Luc Moudenc.

La présidente PS de la région Occitanie Carole Delga, à l'accent chantant, a pour sa part choisi une touche humoristique : "Pour se détendre un peu, je conseille à @JLMelenchon de prendre quelques minutes pour écouter la très belle chanson de Zebda, L'accent tué".

"Est-ce que quelqu'un peut me poser une question en français ?" Mercredi, Jean-Luc Mélenchon, député des Bouches-du-Rhône, avait vivement critiqué le traitement médiatique de l'enquête visant La France insoumise, prenant à partie des journalistes, au lendemain des perquisitions houleuses menées à LFI. Il avait notamment tourné en dérision une journaliste de France 3, originaire de Toulouse, Véronique Gaurel, qui lui posait une question, en imitant l'accent du Sud de celle-ci : "Vous dites n'importe quoi. Est-ce que quelqu'un peut me poser une question en français et à peu près compréhensible ? Parce que votre niveau me dépasse".

"Il est tellement beau notre accent du Sud-Ouest !", a renchéri la secrétaire d'État auprès de la ministre des Armées, Geneviève Darrieussecq, née dans les Landes. "Plein de soleil et plein de terroir. Le vôtre @JLMelenchon est rempli d'arrogance." Le président LR de la région Paca Renaud Muselier a également apostrophé le leader LFI : "Monsieur Mélenchon, si l'accent chantant du Sud et de la Méditerranée vous semble méprisable, vous n'avez rien à faire à Marseille !"

Mélenchon ne "regrette rien" après son altercation avec des policiers :

"La trace historique de la langue d'Oc". France 3 Midi-Pyrénées a pour sa part interrogé un linguiste et professeur à l'université Jean-Jaurès de Toulouse, Patrick Sauzet : "Cela peut apparaître une moquerie banale de se moquer ainsi de l'accent du Midi. On peut se charrier sur les accents, quand c'est réciproque, équilibré. Mais quand ça vient d'un responsable politique, c'est vraiment déplacé". "Il s'agit d'une vieille tradition du nord de la France, de Paris, de se moquer ainsi des gens du Midi à travers leur accent", a-t-il ajouté. Avant de conclure : "l'accent du Midi, celui de Toulouse ou de Nîmes, est en fait la trace historique de la langue d'Oc dans la langue française d'aujourd'hui : le Français prononcé avec un accent se rapproche de la prononciation de l'Occitan".

Riester défend "le respect à l'égard des journalistes". Le nouveau ministre de la Culture Franck Riester s'est érigé jeudi en défenseur de la liberté de la presse, notamment face à ceux qui, au sein même de la classe politique, s'en prennent au travail des journalistes. "Partout où votre action est remise en cause, à l'étranger, mais malheureusement aussi en France, et parfois par des élus de la Nation, la République sera là pour vous défendre", a déclaré Franck Riester, à l'occasion d'une réception pour les 100 ans du Syndicat national des journalistes. "Le devoir de respect à l'égard des journalistes ne saurait être réservé à une partie de la classe politique. Il s'applique à tous. Parce que sans les médias, sans les journalistes, il n'y a pas de démocratie. Je suis à vos côtés, et toujours, je vous soutiendrai, face à ceux qui vous attaquent", a ajouté le ministre.