Et Nicolas Sarkozy rompit l'unité nationale

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Antonin André et avec Carolnie Roux , modifié à
ANALYSE – Le délai de décence est passé, estime l'ancien chef de l’État, qui rouvre les porte de l'arène politique.

L'émotion des attentats s'atténue, l'unité nationale aussi. Le délai de décence est passé, estime Nicolas Sarkozy, qui parle désormais de cette unité nationale à l'imparfait. "Ça commence à me courir", aurait-il même lâché, selon le Canard enchaîné de mercredi. Critique des mesures anti-terroristes du gouvernement, de l'emploi du mot "apartheid" par Manuel Valls... Invité mercredi du 20h de France 2, le président de l'UMP a rouvert en grand les portes de l'arène politique.

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Dramatisation. Pour l'ancien président de la République, le gouvernement a tout faux. Sur le diagnostic, d'abord. Nicolas Sarkozy surenchérit dans la dramatisation, use et ré-use du terme "guerre de civilisation". "Un certain nombre de terroristes djihadistes ont décidé de mener une guerre contre notre civilisation, notre mode de vie, notre façon de nous habiller, notre façon de penser et notre façon de dire. C'est d'une gravité extrême et je crains que la menace continue pendant longtemps", a-t-il martelé. Et dans cette guerre, selon lui,  les réponses du gouvernement ne vont pas assez vite et pas assez fort.

"Consternation". Mais l'ancien président ne se contente pas de critiques sur le fond. Il veut cliver, réveiller la confrontation politique avec le gouvernement en ciblant Manuel Valls. Le Premier ministre qui a commis une faute, selon Nicolas Sarkozy, en employant le mot d'apartheid pour évoquer certains quartiers. "Comparer la République française à l'apartheid, c'est une faute. Imaginez ce que peut penser aujourd'hui un habitant de la ruralité qui se sent si souvent abandonné (...) Consternation", martèle l'ancien président.

Précaution. En revanche, Nicolas Sarkozy se garde bien d'attaquer frontalement le président de la République, symbole de la nation et encore intouchable politiquement. Car il sait qu'il prend un risque en torpillant l'unité nationale. S'il sera probablement approuvé par une large partie des sympathisants de droite, qui vivent mal d'avoir à se ranger derrière un gouvernement socialiste, il s'expose aussi à la critique, voire à la désapprobation d'une partie de l'opinion publique, qui a propulsé le président et le Premier ministre dans les sondages.

Réaction. En attendant, du côté de l'exécutif, on relègue cette interview au rang de non évènement. "Il faut rester à la hauteur de l’exigence des Français", a simplement commenté Manuel Valls, qui n'a pas regardé France 2 mercredi à 20h. Même distance à l’Élysée : le président n’a rien vu, rien entendu. Vous l'avez compris : le message est que Nicolas Sarkozy à la télé, ce n’est pas un événement.

Mais les proches du Premier ministre sonnent tout de même la charge. "Nicolas Sarkozy est pressé d’en finir avec l’unité nationale. Ça prouve qu’il n’a pas changé", confie l'un d'eux. "Il est amnésique, lui. L’homme du discours de Grenoble et du Karcher cherche juste une fausse polémique sur l’Apartheid", renchérit un second. En clair, selon eux : l'arène est ouverte, c'est la faute de Nicolas Sarkozy, mais on ne va pas se priver d'y rentrer.