En vacances, les députés menacent de snober le vote de la loi de moralisation

L'Hémicycle risque d'être dépeuplé mercredi, pour le vote du projet de loi organique sur la moralisation de la vie politique.
L'Hémicycle risque d'être dépeuplé mercredi, pour le vote du projet de loi organique sur la moralisation de la vie politique. © JACQUES DEMARTHON / AFP
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M.B. , modifié à
Prévu mercredi, le vote du projet de loi organique doit impérativement se faire à la majorité absolue. Or, beaucoup de députés sont déjà partis en vacances et refusent de revenir.

L'image de bancs clairsemés, en partie désertés par les députés, est récurrente sur les directs vidéo de l'Assemblée nationale. Et l'absentéisme des élus a souvent été pointé du doigt. Il pourrait être plus visible que jamais, mercredi, pour le vote définitif du projet de loi organique sur la moralisation de la vie politique.

Les vacances battent leur plein. Nombreux sont en effet les députés qui seront alors partis en vacances. Eric Woerth indique ainsi au Parisien être allé faire de la randonnée en montagne. "J'ai déjà dit tout ce que j'avais à dire sur cette loi. Franchement, je ne vois pas l'intérêt de revenir mercredi pour la voter", explique l'élu LR. Au sein de son groupe, la moitié des élus se sont déjà mis au vert.

Du côté de Nouvelle Gauche, Olivier Faure, président du groupe, assume aussi préférer prendre un peu de repos plutôt que de passer trois jours supplémentaires à l'Assemblée nationale. "J'ai cinq enfants qui ont envie de partir, une femme qui a envie de partir elle aussi", souligne-t-il au micro de BFM TV. "Cela fait très longtemps que l'on avait sanctuarisé cette période de 15 jours dans l'année. Je ne peux pas leur faire cela." Quant à Jean Lassalle, il a posté sur Twitter une vidéo qui ne laisse aucune place au doute quant à sa non-présence dans l'Hémicycle.

Le vote repoussé. Les députés vacanciers assument d'autant plus facilement faire passer le farniente avant leur devoir d'élu que le vote était, au départ, prévu jeudi dernier. Après une première lecture dans chaque chambre, le Sénat et l'Assemblée nationale ont réussi à se mettre d'accord sur le projet de loi ordinaire, qui a donc bien pu être adopté en temps et en heure. En revanche, les négociations sur le projet de loi organique ont achoppé en commission mixte paritaire sur la suppression de la réserve parlementaire, repoussant le second scrutin.

"Si le vote a été décalé, c'est à cause d'un cafouillage de la République en marche!", s'énerve Jean-Christophe Lagarde dans les colonnes du Parisien. "On aurait pu attendre la rentrée pour le voter, mais non, le gouvernement veut faire une opération de com' avec ce texte bidon en plein mois d'août." Sans surprise, le député centriste n'a donc pas prévu de passer une tête dans l'Hémicycle mercredi pour voter.

Procurations. Là où le bât pourrait blesser, c'est qu'un projet de loi organique ne peut être adopté à la majorité des suffrages exprimés. Une majorité absolue sur le nombre total de députés (577) est nécessaire. Trop d'absentéisme pourrait donc poser problème. Du côté de la majorité REM, des consignes très claires ont été données pour enjoindre les députés à rester une semaine de plus. Chez LR, certains montrent l'exemple, comme le président de groupe Christian Jacob, qui va faire l'aller-retour dans la journée mercredi pour voter.

Autre solution, souvent privilégiée par les élus : faire une procuration aux collègues consciencieux qui ont repoussé leur départ. C'est ce que feront les quatre Insoumis déjà partis, indique Clémentine Autain au Parisien. "Personne n'est obligé de rester, surtout qu'on peut donner procuration", abonde Olivier Faure sur BFM TV.