En Paca, un élu de gauche rejoint Estrosi pour faire barrage au FN

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R.D. avec Nathalie Chevance , modifié à
Le radical Yves Vidal, maire de Grans, dans les Bouches-du-Rhône, élu sous l'étiquette du PRG, s’affichera jeudi soir au côté du candidat Les Républicains à la région. La gauche fulmine. 

Un appel qui a de quoi surprendre, et une belle prise pour Christian Estrosi. Yves Vidal, élu en 2014 sous l'étiquette du Parti Radical de gauche (PRG), qu'il a quitté depuis, appelle en effet à voter pour le candidat Les Républicains en Paca dès le premier tour des régionales, le 6 décembre, pour, dit-il, faire barrage au Front national. Car le maire de Grans, une commune de 4.000 habitants dans les Bouches-du-Rhône, estime que le combat est d’ores et déjà perdu pour la gauche. L’élu va même s’afficher au côté du maire de Nice lors du meeting du candidat LR dans sa ville.

Estrosi bien accueilli à Grans. Christian Estrosi aura ainsi droit à un accueil républicain à la mairie de Grans, avec poignée de main, apéritif et signature du livre d’or. Pas mécontent, le candidat des Républicains a même poussé le bouchon jusqu’à demander à son hôte du soir de prendre la parole lors de son rassemblement de soutien. Yves Vidal n’ira pas jusque-là, car il affirme être toujours un homme de gauche. Mais il ne cache plus ses intentions.

"Pas de gaieté de cœur, mais…"  "Oui, je vais voter M. Estrosi", confirme-t-il à Europe 1. "Je ne dis pas que je le fais de gaieté de cœur.  Mais il y a un vrai combat à mener, qui doit dépasser les clivages. Parce que je n’ai pas l’assurance que la gauche ne va pas rester en triangulaire et faire élire le Front national pour faire élire 2-3 conseillers régionaux. Donc il y a un vrai vote utile dès le premier tour", affirme l’élu, qui ne croit donc pas dans un éventuel Front républicain. Et qui va plus loin : "surtout que la politique qui est menée n’est pas une politique de gauche."

Entendu sur europe1 :
On fait connerie sur connerie, c’est un boulevard pour le Front national

"En colère." Dans son camp, évidemment, la nouvelle est fort mal accueillie, alors qu’il reste encore un mois de campagne électorale. "Je suis en colère contre cette gauche qui joue les pompiers pyromanes", s’offusque Christophe Maderolle, tête de liste PS-Modem-PRG dans les Bouches-du-Rhône. "Moi, je considère que si nous volons gagner cette élection, c’est sur les valeurs de gauche que nous devons nous battre et ne pas penser un seul instant que le Front national puisse gagner cette région. Il suffit d’avoir 3% des abstentionnistes de gauche qui se déplacent et nous seront présents pour nous maintenir au second tour", estime ce conseiller municipal de Marseille. Désormais, à gauche, en Paca, deux logiques s’affrontent.

Sondages : la gauche distancée en Paca

A en croire les études d’opinion, la gauche a en effet bien peu de chances de l’emporter en Paca, où elle avait pourtant obtenu plus de 44% des voix en 2010. Mais le contexte politique, avec le PS aux affaires au plan national et un Front national de plus en plus fort, a changé la donne. Selon un sondage Ifop pour Europe 1, I-Télé et La Provence publié le 21 octobre, la gauche ne glanerait que 28% des voix au second tour, contre 36% pour la droite et le FN au second. Avec un quasi-inconnu, Christophe Castaner, député des Alpes-de-Haute-Provence en tête de liste, le PS n’a que peu de chances de combler l’écart.