Critiques de Montebourg : "une ligne jaune a été franchie"

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avec AFP , modifié à
L'entourage de Manuel Valls a indiqué dimanche que le Premier ministre était "décidé à agir" à la suite des critiques du ministre de l’Économie contre la politique économique du gouvernement.

Les critiques d'Arnaud Montebourg sur la politique économique du gouvernement ne passent pas auprès de Manuel Valls. L'entourage du Premier ministre a déclaré dimanche qu'une "ligne jaune" avait été "franchie" et que le Premier ministre était "décidé à agir" en conséquence.

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Les déclarations de Montebourg. Depuis sa fête annuelle de Frangy-en-Bresse, et au lendemain d'une interview très commentée dans les colonnes du Monde, le ministre de l'Economie a assumé avoir "proposé" et "sollicité" une "inflexion majeure de notre politique économique", jugée trop austère. Fustigeant la droite allemande et jugeant qu'il avait le "devoir" de "ne pas se taire", le ministre a ajouté qu'il se devait de "proposer des solutions alternatives" à ce qui constitue "l'échec de la zone euro", donc de la France, à "retrouver le chemin de la croissance", devant plusieurs centaines de ses partisans, venus le retrouver dans son fief électoral.

"Une ligne jaune a été franchie". Las, pour Manuel Valls, Arnaud Montebourg est allé trop loin. "Une ligne jaune a été franchie dans la mesure où le ministre de l'Economie ne peut pas s'exprimer dans de telles conditions sur la ligne économique du gouvernement et sur un partenaire comme l'Allemagne", a souligné son entourage. "Donc le Premier ministre est décidé à agir", a déclaré l'entourage du Premier Ministre, sans livrer de détail sur ce qu'il entendait faire, ce qui laisse planer un doute sur le maintien même d'Arnaud Montebourg à son poste.

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Montebourg "a dépassé les bornes". Un peu plus tôt dans la journée, le député de l'Essonne Carlos Da Silva, un proche de Manuel Valls, a estimé qu'Arnaud Montebourg avait "dépassé les bornes" avec ses attaques contre la politique gouvernementale. "La position d'Arnaud Montebourg n'est pas tenable. Il est ministre de l’Économie. Il n'est pas là pour lancer des débats mais pour remettre la France sur le chemin de la croissance", a-t-il déclaré. 

Hamon passe entre les gouttes. Curieusement les critiques ont épargné le ministre de l’Éducation Benoît Hamon, invité vedette de cette fête, et qui après s'être dit "pas loin des frondeurs" socialistes, a soutenu les propositions d'Arnaud Montebourg. A la tribune, il a notamment a pourtant affirmé "soutenir le principe des trois tiers" dans la redistribution des économies budgétaires, idée lancée par Arnaud Montebourg, suggérant "des baisses d'impôts pour les plus modestes" ou des mesures pour "les étudiants boursiers". Selon les informations du Monde, le ministre de l'Eduction serait en effet épargné des foudres de Matignon.

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Taubira rejoint la team des frondeurs ? Christiane Taubira pourrait elle aussi s'attirer les foudres de Matignon. Selon une éditorialiste de BFM-TV, la garde des Sceaux se range en effet dans le camp d'Arnaud Montebourg et de Benoit Hamon. Dans une lettre de soutien qu'elle leur a envoyé, la ministre de la Justice leur aurait écrit "bravo !".

La ministre de la Culture Aurélie Filippetti avait, pour sa part, publié dans la matinée un message de sympathie sur Twitter : "Je souhaite une belle journée à #Frangy2014 à @Montebourg et @benoithamon". Au premier rang devant la tribune des deux ministres, plusieurs députés "frondeurs" tel Laurent Baumel, ou Christian Paul, se sont dits "heureux que le débat ait lieu au sein du gouvernement".