Corse : la montée de groupes d’extrême droite inquiète

PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP corse arabi fora
"Arabi Fora" (Arabes dehors), inscrit sur un mur des Jardins de l'Empereur, à Ajaccio, où ont eu lieu des heurts.
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Salomé Legrand
Les incidents des derniers jours à Ajaccio ont mis en lumière des associations d’extrême droite, telle que Vigilance Nationale Corse (VNC), née en octobre dernier.

Les manifestations et rassemblements des derniers jours à Ajaccio ont résonné de slogans ouvertement racistes et xénophobes. "Les Arabes dehors", "on est chez nous". Des propos unanimement condamnés par la classe politique de l'île de Beauté qui pointe du doigt des "groupuscules d'extrême-droite". "Il faut faire la différence entre ceux qui ont exprimé leur émotion et ceux qui sont simplement des racistes, manipulés par un certain nombre de groupuscules d’extrême droite, quoi sont en contradiction formelle avec la culture corse", martèle Jean-Guy Talamoni, leader nationaliste élu mi-décembre à la tête de l'Assemblée de Corse.

"Il y a assez d'Arabes, assez d'étrangers..." Ces "groupuscules", ce sont "Christini Corsi" (les Chrétiens corses), "Sangu Corsi" (le sang Corse) ou encore VNC, pour Vigilance Nationale Corse, nés il y a quelques mois. Créée en octobre pour "protéger la Corse" et "empêcher son islamisation", VNC s'est par exemple illustré en s'invitant dans une réunion de la Cimade sur les migrants le 26 octobre à Bastia. "Il y a assez d’Arabes, assez d’étrangers. On prend le fusil", avait clamé la vingtaine de membres de l’association.

L'une de ses fondatrices, Solange Massonni, rencontrée par Europe 1 réfute tout racisme. "Tout ce que l'on fait est légal. Nous nous appuyons sur la loi pour faire valoir certaines choses, concernant certaines mosquées, la radicalisation de certains lieux de culte", assure-t-elle. "Notre but, c’est celui-là, combattre l’islamisation radicale qui s’exerce sur la Corse comme partout ailleurs", poursuit la commerçante persuadée que "les autorités minimisent la réalité". Quant aux événements d'Ajaccio, Solange Massoni assure que ses effectifs, "sep membres actifs" sur la ville pour 300 revendiqués dans toute la Corse, "n'ont fait que venir soutenir les pompiers comme tout un chacun". 

"Des groupes qui incitent à la haine". "Ce sont des groupes qui incitent à la haine, à la violence", juge de son côté André Paccou, porte-parole de la Ligue des Droits de l'Homme en Corse, inquiet de voir leur audience augmenter. "J'observe avec intérêt que la seule organisation qui leur a apporté un soutien régulièrement, et qui n'a pas condamné les actes xénophobes, c'est le Front national", ajoute le militant qui souligne que le FN a obtenu 10% des voix aux dernières élections territoriales et retrouvé des élus sur l'île, avec quatre sièges obtenus. . 

Très actifs sur les réseaux sociaux, ces groupes ont "des stratégies de mobilisation", ajoute André Paccou. Mais pour les autorités, dont la préfecture, qu'Europe 1 a pu joindre, même si ces groupes ont "des meneurs qui parlent plus fort" et une "dialectique plus habile", ils "ne sont pas le seul facteur d'explications". "Réussir à mobiliser 600 personnes à Ajaccio un 25 décembre c'est étonnant, ça veut dire que l'adhésion de l'opinion publique est assez large", précise cette source à la préfecture. Mais ils ont certainement "amplifié la propagation des mots d'ordre" grâce à leur maîtrise des réseaux sociaux.