Chômage, économie, éducation : le bilan du quinquennat de François Hollande

François Hollande a connu un quinquennat mouvementé.
François Hollande a connu un quinquennat mouvementé. © GUILLAUME HORCAJUELO / POOL / AFP
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avec AFP
Le chef de l’État, qui ne se représentera pas en 2017, a alterné timides réussites et échecs retentissants lors de son mandat. 

Le bilan du quinquennat de François Hollande, qui a annoncé jeudi soir qu’il renonçait à un second mandat, restera contrasté. A l'image de l'inversion timide en 2016 de la courbe du chômage, qui avait été érigée comme "enjeu majeur" d'un mandat marqué par le "mariage pour tous", assombri par les attentats djihadistes.

  • Chômage : une timide inversion de la courbe du chômage 

François Hollande l'avait promise pour 2013, l'inversion de la courbe du chômage s'est finalement concrétisée, timidement, trois ans plus tard. Sur l'année écoulée, 100.000 chômeurs ont quitté les listes de Pôle emploi et l'Insee a vu le taux de chômage baisser de 0,4 point.

Mais malgré cette baisse récente, le chômage reste massif, avec 3,48 millions de chômeurs inscrits sur les listes de Pôle emploi en métropole, soit 556.000 de plus qu'au début de son quinquennat. Le fléau touche 9,7% de la population active.

Le président, qui vantait en 2013 sa "boîte à outils" anti-chômage, a pourtant fait feu de tout bois : baisse du coût du travail grâce au Pacte de responsabilité, contrats aidés, primes aux très petites entreprises (TPE), réforme du code du travail avec la très contestée loi El Khomri.           

  • Économie : une croissance bien terne

Bien loin des prévisions de départ, la croissance est restée terne : 0,4% en 2013, 0,6% en 2014, 1,2% en 2015 et sans doute 1,3% en 2016. A son arrivée au pouvoir, François Hollande s'est en effet attaché à assainir les finances publiques, en augmentant massivement les impôts payés par les entreprises et les ménages aisés, pour ramener dès 2013 le déficit sous la barre des 3% exigés par Bruxelles. 

Conscient de la nécessité de relancer l'activité, le gouvernement a décidé fin 2013 de modifier sa stratégie, avec des baisses d'impôt pour les ménages modestes mais aussi 41 milliards d'euros d'allègements de charges pour les entreprises. Cette "politique de l'offre", incarnée par le Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) et le Pacte de responsabilité, a permis un redressement progressif de l'économie, en rétablissant les marges des entreprises. Mais cela reste fragile.                

  • Travail : la loi Travail, imposée au forceps

Deux grandes lois marquent le quinquennat. En 2013, la loi sur la sécurisation de l'emploi, découlant d'un accord signé par le patronat et trois syndicats (CFDT, CFE-CGC et CFTC), mais refusé par la CGT et FO, vise à renforcer l'arsenal de mesures anti-chômage en accordant une flexibilité accrue à l'entreprise sur de nombreux sujets en échange de nouveaux droits pour les salariés.

Imposée aux forceps par le recours au 49.3 à l'Assemblée et après 13 journées de manifestations dans toute la France de mars à septembre 2016, la loi travail prévoit de faire primer les accords d'entreprises sur les accords de branche en matière de temps de travail. La loi comporte de nombreux autres aspects, de la remise à plat des motifs de licenciement économique à la création du compte personnel d'activité, au référendum d'entreprise ou au droit à la déconnexion.           

  • Retraite : réduction du déficit du régime général 

Dès le début du quinquennat, conformément à une de ses promesses de campagne, François Hollande a ramené l'âge de la retraite à 60 ans pour les personnes ayant commencé à travailler avant 20 ans et une carrière complète. En 2013, une nouvelle réforme des retraites du gouvernement Ayrault allonge progressivement la durée de cotisation à 43 ans (contre 41,5) et crée le compte pénibilité.

Le chef de l'Etat peut se targuer d'avoir réduit le déficit du régime général de la Sécurité sociale de plus de moitié par rapport à 2012. Pour la première fois depuis 12 ans, la branche retraite affiche un léger excédent, essentiellement dû à la réforme de 2010.          

  • Santé : la généralisation du tiers payant, mesure phare

Mesure phare de la loi santé, la généralisation du tiers payant (dispense d'avance de frais) vise à enrayer le renoncement aux soins pour raisons financières. En vertu d'une décision du Conseil constitutionnel, il reviendra au médecin d'appliquer ou non le tiers payant pour la partie mutuelle. Problème, le dispositif est pour l'heure rejeté par la profession.                 

  • Éducation : des milliers de postes créés

La promesse de créer 60.000 postes dans l'Education après 80.000 suppressions sous Nicolas Sarkozy est tenue sur le papier avec leur inscription aux budgets successifs. Sur le terrain, certains postes ne sont pas systématiquement pourvus par des titulaires, faute de lauréats suffisants aux concours.

La réforme des rythmes scolaires en primaire (rentrées 2013 et 2014) et la réforme du collège (rentrée 2016), sont entrées en vigueur malgré de fortes oppositions.

La formation initiale des enseignants, supprimée sous la droite, a été rétablie. Les nouveaux programmes scolaires du CP à la 3ème sont entrés en vigueur à la rentrée 2016, avec un an de retard, remplaçant ceux de 2008, très critiqués.                

  • Le mariage pour tous : la réforme emblématique

Pourfendue par la droite au Parlement et par la Manif pour tous dans la rue, la loi Taubira du 17 mai 2013 "ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe" restera comme la grande réforme sociétale de François Hollande.

Adoptée à l'issue de 136 heures de bataille parlementaire, la loi portée par la garde des Sceaux Christiane Taubira a ouvert de nouveaux droits pour le mariage, l'adoption et la succession aux couples de gays ou de lesbiennes. La procréation médicalement assistée (PMA) et la gestation pour autrui (GPA) restent interdits.                

  • Renforcement des moyens et de législation antiterroriste 

Face à une vague d'attentats djihadistes sans précédent, le gouvernement a décidé un renforcement inédit de l'arsenal législatif et des moyens de lutte, illustré par l'état d'urgence décrété au soir des attentats parisiens du 13 novembre et renouvelé après l'attaque du 14 juillet à Nice.

Quatre lois antiterroristes, une consacrée au renseignement, une autre à la surveillance des communications internationales permettent de poursuivre quelqu'un parti en Syrie, même s'il n'a commis aucun acte répréhensible en France, d'interdire de sortie du territoire, de perquisitionner de nuit, d'assigner à résidence ou encore de réprimer la consultation de sites internet djihadistes - en dépit de critiques sur les atteintes aux libertés. Les moyens ont été musclés avec 15.300 postes créés en cinq ans.