Cazeneuve : "je ne veux pas d'un nouveau Sangatte à Calais"

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Louis Hausalter , modifié à
INTERVIEW E1 - Le ministre de l'Intérieur était l'invité de Jean-Pierre Elkabbach, vendredi sur Europe 1.

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve était l'invité de Jean-Pierre Elkabbach, vendredi matin sur Europe 1. Interrogé sur son refus d'ouvrir un centre pour migrants à Calais, il a justifié sa position : "Je ne veux pas d'un nouveau Sangatte à Calais", a-t-il affirmé, évoquant le centre pour réfugiés démantelé en 2002. "Parce que la situation de Sangatte, c'était le désastre humanitaire, l'appel d'air pour les migrants, et surtout un extraordinaire terrain de cynisme et d'intervention pour les passeurs. Je ne veux pas de cela. Je veux des solutions humaines, et c'est la raison pour laquelle j'ai confié à des hauts fonctionnaires pour travailler avec les associations humanitaires.", a poursuivi Bernard Cazeneuve.

"Je suis tout à fait désireux que l'on crée les conditions d'un accueil digne et d'un soutien humanitaire, mais je ne veux pas d'un point de convergence des migrants qui soit le terrain de jeu des passeurs", a ajouté le ministre.

"Répartir les demandeurs d'asile". Interrogé sur l'afflux de demandes d'asile que provoque l'arrivée croissante de migrants, Bernard Cazeneuve a souhaité "qu'il y ait une véritable politique de l'asile en Europe" et que l'Union européenne "puisse se concerter pour répartir les demandeurs". Pour lui, les migrants "qui n'ont pas vocation à être en France doivent bien entendu être reconduits à la frontière, ce que d'ailleurs nous faisons".

Il veut "un dispositif européen efficace". Comment lutter contre les filières de passeurs qui favorisent l'immigration clandestine venant d'Afrique du Nord ? "Il faut des solutions françaises et des solutions européennes. Et les solutions françaises ne sont pas efficientes s'il n'y a pas un dispositif européen efficace", a répondu Bernard Cazeneuve. "Moi, ce que je veux, c'est un plan global, précis, efficace. D'abord, il faut que nous contrôlions les frontières extérieures de l'Europe", a-t-il poursuivi. "Je souhaite une opération de surveillance et de contrôle qui soit au plus près des côtes européennes et qui soit pilotée par Frontex (l'organisme européen de surveillance des frontières, NDLR), dont c'est le rôle. C'est l'opération Frontex+ que j'ai proposée", a affirmé le ministre.

"Depuis le début de l'année 2014, nous avons démantelé 158 filières, interpellé plus de 1.000 personnes", a assuré Bernard Cazeneuve, dénonçant "des passeurs qui interviennent en Afrique du Nord, en Italie, à Calais, qui sont de véritables organisations du crime".

"On ne spécule pas sur la République". Interrogé enfin sur la situation politique intérieure, et notamment l'éventualité d'une dissolution à laquelle ont appelé certains cadres de l'opposition, Bernard Cazeneuve a qualifié cette dernière de "spéculation". "Quand on est dans l'opposition, on critique, mais on ne spécule pas sur la République en essayant de jouer la crise de régime, dans un contexte où le pays a besoin de rassembler ses forces pour surmonter la crise", a-t-il déclaré. Et le ministre de critiquer vigoureusement l'UMP : "L'opposition en question, qui commente beaucoup, a à la tête de son parti trois présidents, un quatrième en embuscade, et n'a pas brillé par sa capacité à gérer le pays, et encore moins à gérer son organisation politique et son projet, puisqu'il ne vous a pas échappé qu'ils n'ont pas de projet".

>> L'interview en intégralité :