BHL : "Je ne suis pas un Etat à moi tout seul"

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INTERVIEW - Le philosophe estime que la France a bien fait d'intervenir à Benghazi. Et balaie d'un revers de main les critiques de Jean-Christophe Rufin.
INTERVIEW

"Le Bernard-Henry-Lévisme, c'est faire un petit peu n'importe quoi". Pour Jean-Christophe Rufin, écrivain et membre de l’Académie française,Bernard-Henri Lévy est le ministre des Affaires étrangères officieux depuis 20 ans. Il a notamment, selon lui, entrainé Jacques Chirac à s'engager au Kosovo, Nicolas Sarkozy en Libye et François Hollande en Syrie, a estimé l'ancien diplomate sur Europe 1, mardi. "Le Bernard-Henry-Lévisme, c'est faire un petit peu n'importe quoi, mais surtout se faire plaisir en étant gentil, en tapant sur un dictateur puis en fichant le camp", a-t-il déclaré.

"On n'a rien détruit du tout, on a empêché un massacre". Toujours sur Europe 1, BHL lui a répondu, mercredi matin : "me faire plaisir, non. Ce que j'ai convaincu Nicolas Sarkozy de faire en Libye, c'est de sauver des Libyens dans une ville de Benghazi qui allait être passée sous le fil de l'épée." Pour lui, si la situation actuelle n'est pas parfaite, "c'est mieux que Kadhafi ! Quand j'entends dire Rufin qu'on a détruit l'Etat libyen, il se moque du monde. Il n'y avait pas d'état libyen ! On n'a rien détruit du tout, on a empêché un massacre et maintenant on assiste à la naissance, comme toujours longue et douloureuse, de la démocratie". Et d'ajouter : "Oui j'ai l'impression que la démocratie est en train de naître en Libye".

"Je ne suis pas un Etat à moi tout seul". Interrogé sur l'absence d'alternative politique crédible au moment de la chute de Kadhafi, qui a plongé le pays dans le chaos, BHL estime que "ce n'est pas de [m]a faute. Je ne suis pas un Etat à moi tout seul. Je déplore, comme Rufin que la politique française et la communauté internationale n'aient pas été plus animées par l'esprit de suite."

"Une des pires dictatures de la modernité". Pense-t-il parfois, qu'il s'est trompé, quand il voit le nombre de morts de migrants, chaque jour en méditerranée ? "Non ! Mais ils viennent d'où ces morts ? D'Erythrée, où ils fuient la dictature ! De Syrie, où ils fuient Bachar el-Assad ! Ils passent par la Libye, mais c'est la misère africaine qu'ils fuient. Aujourd'hui, il faut, avec les Libyens, mettre en place un système qui permettre de contrôler cette frontière maritime. Mais ce n'est pas pour cela qu'il fait regretter d'avoir fait tomber une des pires dictatures de la modernité".