Asile et immigration : "Il faut être ferme parce que l'on ne peut pas accueillir tout le monde"

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R.Da. , modifié à
Le projet controversé de loi "asile et immigration" sera présenté le 21 février en Conseil des ministres. Elise Fajgeles, rapporteur du texte, défend lundi au micro d'Europe 1 la fermeté affichée de l'exécutif.
INTERVIEW

C'est un projet explosif, jusqu'au sein de la majorité. Le projet de loi "asile et immigration" sera présenté mercredi devant le Conseil des ministres. L'objectif du gouvernement est de renforcer les reconduites pour améliorer les conditions d'accueil des migrants qui ont vocation à rester en France. "Pour intégrer au mieux les personnes que l'on doit protéger et accueillir, il faut être ferme parce que l'on ne peut pas accueillir tout le monde", plaide mardi, au micro d'Europe 1, Elise Fajgeles, députée LREM de Paris, et rapporteur du projet de loi.

Améliorer les conditions du droit d'asile. "Depuis 2015 nous sommes soumis à un défi migratoire gigantesque, et je suis élue d'une circonscription [le 10e arrondissement de Paris, ndlr] où je vois des campements sauvages et des personnes qui ne sont pas suffisamment bien accueillies depuis de nombreuses années et spécifiquement depuis deux ans. Je crois qu'il était important d'avoir ce texte qui nous permet de mieux accueillir, de mieux intégrer […] et puis aussi d'être plus efficace, d'être plus ferme sur les reconduites", développe l'élue. "L'objectif est de montrer que l'on a une identité en France, qui est celle du droit d'asile. On va la préserver et l'améliorer", assure-t-elle.

Raccourcir les délais. Et parmi les dispositifs devant favoriser un meilleur accueil : la possibilité pour les demandeurs d'asile de pouvoir travailler six mois seulement après l'enregistrement de leurs dossiers, contre neuf actuellement, sur une proposition du député Aurélien Tachet. "L'intégration, pour pouvoir avoir sa place sur le territoire, passe par la langue mais aussi par le travail", explique Elise Fajgeles, qui refuse d’évoquer le risque d'un appel d'air à l'immigration. "Il y a des personnes qui fuient les guerres, les persécutions, là-dessus il faut faire preuve d'humanité, c’est ça la France". Dans le même temps le texte pourrait prévoir de sanctionner de cinq ans de prison le travail irrégulier. "Sanctionner le travail irrégulier me parait important, il ne faut pas favoriser les filières", argue la députée.

Des dispositions qui inquiètent. Alors que des voix discordantes se sont fait entendre dans la majorité, Elise Fajgeles assure qu'il n'y a pas de fractures sur ce texte. "Ça n'est pas de la discorde c'est du doute, c'est dans la culture française d'avoir du doute". Sur le placement en centre de rétention des demandeurs dublinés, la députée Florence Granjus a notamment pointé un "danger de banaliser l'enfermement". "On a beaucoup discuté, et au moment des votes, on était tous ensemble", assure Elise Fajgeles [Florence Granjus s'est abstenue, ndlr], qui ne craint pas de voir le projet amendé par le travail parlementaire. "J'espère que les députés pourront faire des contre-propositions constructives et avancer ensemble, avec le gouvernement".