Affaire Fillon-Jouyet : Antoine Gosset-Grainville, le 3e homme

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PORTRAIT - Antoine Gosset-Grainville a travaillé avec les deux hommes. Mais a pris le parti de l'ancien Premier ministre.

En début de semaine dernière, il était inconnu du grand public. Depuis qu'a éclaté l'affaire Fillon-Jouyet, il l'est beaucoup moins. Antoine Gosset-Grainville était le troisième convive de ce déjeuner du 24 juin dernier au cours duquel l'ancien Premier ministre aurait demandé au secrétaire général de l'Elysée d'accélérer le cours de la justice dans les procédures visant Nicolas Sarkozy. Antoine Gosset-Grainville a pris le parti de François Fillon, bien que Jean-Pierre Jouyet le considère comme son "ami". "Il y avait un troisième participant à ce fameux déjeuner. Lui pourrait apporter son témoignage. Il sait ce qui s'est dit", a lancé Claude Guéant, lundi matin sur Europe 1. Présentation d'un homme désormais au centre du jeu.

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De l'administration à la politique. À sa sortie de l'ENA, en 1993, Antoine Gosset-Grainville choisit la voie royale : l'Inspection des finances. Après quelques années passées au Trésor à Bruxelles, il devient, en 1999, conseiller pour les affaires économiques et industrielles du socialiste Pascal Lamy à la Commission européenne. Mais en 2002, le privé le rattrape. Il intègre alors le prestigieux cabinet Gide, dont il prend la direction du bureau de Bruxelles. C'est là que François Fillon le débauche.

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En pointe pendant la crise financière de 2008. Nous sommes en 2007 et Nicolas Sarkozy vient de faire du Sarthois son Premier ministre. Antoine Gosset-Grainville devient son directeur adjoint du cabinet, en charge des questions économiques et financières. Avec François Pérol, secrétaire général adjoint de l'Élysée, et Stéphane Richard, directeur de cabinet de Christine Lagarde, la ministre de l'Economie de l'époque, ils œuvrent sans relâche à la résolution de la crise financière qui menace plusieurs banques françaises. Une mission ardue qu'il quitte en 2010 pour rejoindre la Caisse des dépôts et consignations (CDC). C'est là qu'il fera, quelques années plus tard, la connaissance de Jean-Pierre Jouyet.

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"En quittant la CDC, je regrette aussi de quitter Jean-Pierre". Après sa victoire face à Nicolas Sarkozy, François Hollande place ses hommes aux postes clés de l'administration. C'est donc tout naturellement qu'il pense à son ami de 30 ans pour la CDC. A son arrivée, Jean-Pierre Jouyet demande à Antoine Gosset-Grainville - un homme qu'il connait pour l'avoir fréquenté lors de son passage au gouvernement de mai 2007 à décembre 2008 -, de rester à ses côtés. Le début d'une histoire d'amitié. "En quittant la Caisse, je regrette aussi de quitter Jean-Pierre", glisse ainsi l'ancien dircab de Fillon quand, en 2013, il décide de reprendre son activité d'avocat en créant son propre cabinet. Un pot de départ auquel assistait un certain François Fillon. "Antoine Gosset-Grainville est un homme charmant, intelligent et qui jouit d'une très bonne réputation, à gauche comme à droite", assure le député UMPJérôme Chartier, proche de François Fillon. "C'est un homme discret qui a toujours pris le parti du service de l'Etat", confie ce filloniste à Europe1.fr

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Le déjeuner de la discorde. Juin 2014. Selon Le Point, Jean-Pierre Jouyet sollicite le secrétariat d'Antoine Gosset-Grainville pour demander l'organisation d'un déjeuner à trois. La suite est désormais connue. "Aucun des propos prêtés à François Fillon n'ont été tenus", a assuré samedi Antoine Gosset-Grainville, qui précise que "jamais François Fillon n'a demandé ni même évoqué une quelconque intervention de l'Élysée". "Il s'agissait d'un déjeuner amical, a ajouté l'ancien Premier ministre. Un resto entre amis qui se termine en scandale d'Etat. Et fait entrer Antoine Gosset-Grainville dans la lumière.

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