Affaire Fillon : à quoi joue Nicolas Sarkozy ?

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Antonin André, chef du service politique d'Europe 1
L'affaire Fillon entraîne sa famille politique dans la crise. Alors que les défections se multiplient, deux hommes restent muets : Alain Juppé et Nicolas Sarkozy.

Pas un mot, mais pour combien de temps encore ? Ni l’ancien président de la République ni le maire de Bordeaux ne se sont positionnés par rapport à François Fillon, alors que plusieurs de leurs proches ont abandonné la campagne du Sarthois. C’est vrai, Nicolas Sarkozy n’a pas lâché François Fillon, mais ça ne veut pas dire, contrairement à ce que certains dans l’entourage de François Fillon font croire, qu’il le soutient. Deux fois, ils se sont parlé au téléphone jeudi.

Sarkozy refuse de brutaliser Fillon. Dans l’un de leurs échanges, Nicolas Sarkozy a fait part de ses doutes, il a dit à François Fillon, en substance : "Si j’étais à ta place je me retirerais". Une  mise sous pression qui indique que Nicolas Sarkozy n’y croit plus, mais il prend la précaution d’ajouter aussitôt : "Si ta décision est de te maintenir je ne ferai rien pour te gêner". Pourquoi ? Parce que Nicolas Sarkozy connaît très bien François Fillon, et qu’il ne sous-estime pas l’aspect psychologique du problème. François Fillon est acculé, mais le brutaliser est totalement contre-productif, plus les appels à lâcher et les défections se multiplient, plus ça renforce son sentiment du seul contre-tous et plus il joue le peuple contre les élites.

Juppé, un plan B ? Pourtant, à 50 jours du premier tour de la présidentielle, le temps presse. Plus François Fillon s’accroche et plus les chances de victoire pour un candidat du recours, fut-il Alain Juppé, s’amincissent. La droite est en état d’urgence. Mais un éventuel départ de François Fillon ne réglera qu’une partie du problème. En effet, la candidature d’Alain Juppé n’a rien d’automatique pour une partie des sarkozystes. Si l’on défait la primaire, si son vainqueur est invalidé, pourquoi adouber le second Alain Juppé qui a de surcroît bénéficié de l’apport décisif de voix d’électeurs de gauche ?

En marche… vers la défaite. Aux yeux de certains à droite, il n’y a plus de candidat naturel. François Baroin, le maire de Troyes, est populaire dans les sondages. Xavier Bertrand peut y prétendre aussi :  il a terrassé le FN dans le Nord. Ces divisions, François Fillon les voit lui aussi et c’est une raison de plus de s’accrocher. Pour le moment, le seul plan qui émerge c’est un plan D comme "défaite".