Présidence de France Télévisions : le CSA très critiqué

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Louis Hausalter , modifié à
DALLAS - Le feuilleton de la désignation du nouveau patron de l'entreprise publique nourrit les critiques à l'encontre du gendarme de l'audiovisuel.

Sera-ce un heureux élu ou une heureuse élue ? Un homme et une femme sont en finale pour la présidence de France Télévisions. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), chargé de nommer les patrons de l'audiovisuel public, doit désigner d'un jour à l'autre le successeur de Rémy Pflimlin, dont le mandat s'achève en août prochain.

Olivier Schrameck, qui préside l'instance, et les autres Sages devront trancher entre Delphine Ernotte, directrice générale d'Orange France, et Pascal Josèphe, consultant passé par les directions de France 2 et France 3. Au nombre de huit, les conseillers du CSA ont voté à égalité pour les deux candidats. Ils ont donc décidé de les auditionner une seconde fois jeudi après-midi, avant de tenter à nouveau de s'entendre sur un nom.

Nombreuses contestations. C'est l'énième rebondissement d'un feuilleton qui agite le microcosme médiatique depuis plusieurs semaines. La nomination d'un nouveau dirigeant sera l'aboutissement d'un processus contesté pour son opacité et qui a fait de nombreux mécontents, qui vont des candidats recalés aux employés de France Télévisions en passant par le président de la République lui-même.

Anonymat et auditions à huis clos. C'est surtout la procédure choisie par le CSA qui fait débat. Les Sages ont décidé de ne pas révéler les noms des candidats au fauteuil de Rémy Pflimlin. Le but était d'encourager les candidatures de poids lourds occupant des responsabilités dans de grandes entreprises, souvent gênés de dévoiler leurs ambitions sur la place publique.

Le CSA a donc reçu pas moins de 33 candidatures, mais a rapidement procédé à un écrémage en règle. Seuls sept postulants ont finalement été retenus pour être auditionnés à huis clos par l'instance. Or, certains recalés ont fait part de leur amertume. Didier Quillot, ancien patron de Lagardère Active et d'Orange France, figure parmi eux, alors qu'il pensait être retenu parmi les finalistes. Il a mis en ligne le document détaillant son projet pour France Télévisions. "Je veux rendre public mon projet car je n'ai pas eu l'opportunité de le défendre devant le CSA", a-t-il expliqué, déçu d'avoir travaillé en vain "depuis 9 mois" en rencontrant "près de 150 personnes".

Autre favorite, Marie-Christine Saragosse, patronne de l'audiovisuel extérieur de la France (France 24, RFI), a elle aussi été écartée dès le premier tour. Or, elle était la candidate soutenue en sous-main par François Hollande. Selon plusieurs sources, le chef de l'Etat a piqué une colère la semaine dernière en apprenant que le CSA l'avait éliminée de la course. Pour mémoire, c'est son gouvernement qui a mis fin en 2013 à la nomination directe des patrons de l'audiovisuel public par le président de la République, une réforme instaurée par Nicolas Sarkozy.

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© France 3

Inquiétudes chez France Télévisions. Au sein de France Télévisions aussi, la procédure fait des vagues. Dans une tribune publiée mardi par Le Monde, des représentants des rédactions de France 2 et France 3 ont déploré que la nouvelle équipe dirigeante soit "choisie dans les bureaux d’un organe administratif de 8 membres, sans aucune transparence", dénonçant "un mépris troublant pour les téléspectateurs".

L'UMP s'est également emparé de l'affaire, déjà très politique alors que cette nomination intervient deux ans avant l'élection présidentielle. Le 1er avril, le parti de Nicolas Sarkozy a dénoncé une "absence totale de transparence" dans le processus.

Autant de critiques qui s'accumulent à l'encontre du CSA, déjà mis sous pression par l'affaire Mathieu Gallet. Le PDG de Radio France, soupçonné d'avoir fait refaire son bureau à prix d'or, a certes été blanchi par un rapport de l'Inspection générale des finances. Mais la très longue grève à Radio France laissera des traces. Or, c'est le CSA qui a désigné l'an dernier le nouveau patron de la Maison de la Radio.

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