Paradise Papers : "Nous ne pouvons épargner personne", assure le directeur du Monde

  • Copié
A.H. , modifié à
En publiant l'enquête sur les Paradise Papers, nouveau scandale d'évasion fiscale, le journal "Le Monde" a notamment révélé l'implication de certains de ses annonceurs et actionnaires.
INTERVIEW

Lorsqu'il entend les prédictions faites il y a quelques années sur le destin funeste de la presse papier, Jérôme Fenoglio ne peut réprimer un sourire satisfait. Car aujourd'hui, le directeur du journal Le Monde se targue d'une diffusion payée (papier et web) à la hausse depuis 16 mois consécutifs. Ces prévisions catastrophistes "nous renvoient à un passé assez récent, celui d'une description d'un paysage apocalyptique où tout allait très mal finir pour la presse écrite." Or, selon le patron du Monde, c'était occulter le fait que "la qualité, ça paie." "Sortir des informations, des angles originaux, avoir des journalistes…", voilà les clés de la remise en route de la machine, estime-t-il dans Village Médias, jeudi. "Beaucoup de journaux ont fait ce pari-là, et c'est payant."

Enquêter, "un moyen d'avoir une relation forte avec les lecteurs". Ce mois-ci, Le Monde bénéfice une fois de plus d'une hausse de sa diffusion payée de plus 5%. La présidentielle, temps fort de l'information, étant passée, comment le journal fait-il pour maintenir son audience à ce niveau ? Pour Jérôme Fenoglio, cela passe notamment par la publication d'enquêtes fournies, comme récemment sur les Paradise Papers. "Pour nous, c'est un moyen de continuer à avoir une relation forte avec les lecteurs. (…) Mais la première question qui se pose à nous, c'est 'est-ce que c'est intéressant ? Est-ce que ça dit quelque chose de la société dans laquelle on vit ?' La réponse étant oui, on le fait."

Des audiences en forte hausse grâce aux Paradise Papers. L'enquête des Paradise Papers, qui a nécessité le travail de plusieurs journalistes du Monde pendant une année entière, en association avec le consortium des journalistes d'investigation, a permis de révéler un scandale d'évasion fiscale impliquant des personnalités de haut rang, comme la reine Elisabeth II, le pilote de F1 Lewis Hamilton ou encore l'animateur Arthur. Ces révélations ont eu un effet direct sur les audiences du Monde.fr cette semaine. "Nous avons triplé le nombre d'abonnés numériques depuis le début de la semaine. Là, on est à +1.000 par rapport à une semaine équivalente. Ça veut dire qu'il y a une adhésion très forte des lecteurs", se réjouit Jérôme Fenoglio.

"Nous ne pouvons préserver personne". Afin de maintenir cette confiance de son lectorat, et de rester fidèle à la déontologie journalistique, le quotidien du soir ne s'interdit pas de publier des informations compromettantes pour ses actionnaires ou annonceurs. C'est d'ailleurs le cas dans l'enquête sur les Paradise Papers. "Nous avons un devoir, celui de sortir des informations. Nous ne pouvons préserver personne, évidemment. Il n'y a pas de cas particulier, ni pour les actionnaires, ni pour les annonceurs. Dans ce cas précis, nous avons des annonceurs qui sont cités, ainsi qu'un actionnaire, puisque Xavier Niel est cité dans nos pages de mercredi", souligne Jérôme Fenoglio.

 

DROIT REPONSE

Conformément aux dispositions de l'article 6.4 de la Loi n°2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique; Monsieur Jacques Essebag (Arthur) sollicite l'insertion du texte suivant :

"Dans un article intitulé "Paradise papers : "nous ne pouvons épargner personne" assure le directeur le directeur du Monde" paru sur son site internet le 9 novembre 2017, Europe1.fr a cru bon d’associer mon nom à l'enquête sur d'éventuels faits d'évasion fiscale qui me sont totalement étrangers. Min nom ne figure à aucun titre dans les documents révélés par l'affaire des "Paradise Papers". Les sociétés dont je suis actionnaire se soumettent au paiement de l'impôt et notamment de la TVA. Quand à la société mentionnée dans l'article, elle a été régulièrement portée  à la connaissance de l’administration fiscale française depuis sa création. Cette société s'est acquittée de la TVA en France pour l'exercice de son activité. La mise en avant de mon nom d'artiste - Arthur - est donc un non-sens et ne participe qu'à la volonté de faire de la publicité à cette campagne de presse.