Nicolas de Tavernost, patron de M6, pour la suppression totale de la pub sur les chaînes publiques

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"France Télévisions devrait se concentrer sur ses seules missions de service public", explique Nicolas de Tavernost. Image d'illustration. © NICOLAS TUCAT / AFP
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NM avec AFP
Cette suppression totale "permettrait ainsi de mieux cerner le rôle de France Télévisions", estime Nicolas de Tavernost dans un entretien au "JDD". 

En plein projet de réforme de l'audiovisuel public, le président de M6, Nicolas de Tavernost, plaide pour "la suppression intégrale de la publicité sur les chaînes publiques" et une réforme en profondeur de la loi de 1986 qui régit le paysage audiovisuel français. "On a déjà perdu un temps précieux", estime-t-il dans un entretien accordé au Journal du Dimanche.

"Mieux cerner le rôle de France Télévisions". Concernant la vaste réforme de l'audiovisuel public prévue par le président de la République Emmanuel Macron, Nicolas de Tavernost estime que "France Télévisions devrait se concentrer sur ses seules missions de service public, ce qui lui éviterait de réclamer en permanence un accroissement de ses ressources, notamment commerciales". "La suppression intégrale de la publicité sur les chaînes publiques, comme l'ont déjà fait nos voisins britanniques, que l'on prend souvent en modèle, ou espagnols, permettrait ainsi de mieux cerner le rôle de France Télévisions", poursuit le président du directoire du groupe privé de télévision. "Quelle est la nature du service public ? En tout état de cause, ce n'est pas de chercher à imiter le secteur privé", tranche Nicolas de Tavernost.

Rapprocher audiovisuel, production et diffusion. Sur la loi de l'audiovisuel de 1986 que le gouvernement envisage de changer, le patron de M6 plaide pour une plus forte intégration dans les groupes audiovisuels des activités de production et de diffusion. "Plus que jamais, pour les chaînes de télévision françaises, cette maîtrise des droits et des programmes est indispensable pour répondre à une concurrence chaque jour plus intense et internationale", selon lui. "Or, les règles régissant les relations entre producteurs et diffuseurs sont obsolètes et ne font que jeter les producteurs français dans les bras de groupes internationaux ou de fonds d'investissement au lieu de les adosser prioritairement à des diffuseurs nationaux", déplore-t-il. Et Nicolas de Tavernost juge aussi "anachronique" et "à l'époque du streaming", l'interdiction pour les chaînes de télévision de diffuser des films le mercredi soir ou le samedi et "absurdes" certaines règles sur la publicité. "Le temps presse", juge Nicolas de Tavernost, "car "tous les grands pays industrialisés" ont aujourd'hui "des grands groupes audiovisuels européens ou mondiaux". 

Plateforme commune à toutes les chaînes ? "C'est une bonne idée". Un accord de coproduction avec Netflix, comme l'a fait TF1, n'est pas une solution, commente aussi Nicolas de Tavernost, "car la télévision gratuite a besoin d'exclusivités". "Je n'ai pas envie que Scènes de ménage, qui fait de M6 la première chaîne chez les moins de 50 ans, le soir, passe sur Netflix", estime-t-il. Seul 6Play, la plateforme des streaming et du direct de M6, doit pouvoir le proposer, précise le président de la chaîne privée. En revanche, il ne serait pas opposé à la création d'une plateforme commune de contenus publiques et privés comme l'a proposé Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions : "c'est une bonne idée (...), nous sommes prêts à discuter avec tout le monde".