Interventions : "un ramassis de mauvais clichés”

© Julien Cauvin/Starface/TF1
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Mickaël Frison , modifié à
RATÉ - Nous avons montré la série Interventions au Dr Gérald Kierzek. Imprécisions, erreurs, caricatures : le feuilleton médical de TF1 n’a pas convaincu l’urgentiste. 

Depuis le 24 novembre, Romain Lucas est le héros en blouse blanche de TF1. Dans Interventions, Anthony Delon incarne un héros à la fois gynéco-obstétricien et chirurgien infantile. Une première hérésie pour Gérald Kierzek, urgentiste, chroniqueur de la matinale d’Europe 1 : “Impossible ! Soit tu es gynéco, soit tu es pédiatre !”

Stéthoscope à l’envers. Une image qui a frappé le Dr Kierzek : dès la deuxième minute de l’épisode qui sera diffusé lundi soir, le Dr Romain Lucas porte… son stéthoscope à l’envers ! Une erreur factuelle, première d’une longue série. 

“Une femme enceinte fait une pneumonie : elle est intubée, son respirateur devrait être près de sa tête… Il est à ses pieds, uniquement pour des raisons cosmétiques, pour ne pas gêner avec les tuyaux” note celui que les auditeurs d’Europe 1 retrouvent à 6h54 dans la Question santé. “On assiste aussi à une amniocentèse mais les médecins n’ont pas de masque ! Peut-être que ça gênait pour les micros…”

Trépanée par téléphone. Le détail qui irrite le plus Gérald Kierzek ? “Le gynécologue fait le boulot du réanimateur, le pédiatre fait le diagnostic du gynécologue… Delon est au téléphone et explique à son adjointe gynécologue comment opérer un hématome extra-dural ! Elle trépane le patient alors qu’elle est gynécologue !” 

Gérald Kierzek, qui officie depuis 12 ans, se souvient aussi de ces expressions qui n’étaient jamais parvenues jusqu’à lui avant le visionnage de la série. “Dans la série de TF1, ils parlent de SCT. J’ai dû aller taper SCT dans Google pour savoir ce que c’était ! C’est l’abréviation anglo-saxonne pour un choc septique, personne ne l’utilise en France !” 

L'équipe d'Interventions

© Julien Cauvin/Starface/TF1

Du vernis médical. Au-delà du simple manque de réalisme, le Dr Gérald Kierzek s’inquiète ouvertement d’erreurs ainsi proposées aux yeux de 3,7 millions de téléspectateurs. “Avec Dr House, les gens ont appris que les diagnostics étaient compliqués à réaliser, que parfois les médecins ne trouvent pas la solution. Avec Interventions, comment expliquer aux gens qu’il faut se tourner vers tel spécialiste ou qu’il faut changer de lieu, quand on vous fait croire que chaque médecin peut remplacer un confrère d’une autre spécialité ?”

D’Interventions, le docteur ne retient qu’un “ramassis de mauvais clichés”, un “vernis médical”. Et de louer le travail des séries américaines : “Dr House, Urgences, Grey’s Anatomy sont bien plus réalistes : les Américains font appel à beaucoup de conseils médicaux pour leurs programmes”. 

Des audiences à la traîne. Interrogé sur Europe 1, le producteur d’Interventions a répondu à Gérald Kierzek et Michel Cymès qui s’étaient élevés contre la série sur Twitter. “La série est écrite par un pool d’auteurs aidés par un consultant spécialiste, là pour l’écriture de toutes les scènes d’opération. La série ne peut jamais faire tout à fait l’unanimité”.

Avec 3,4 millions de téléspectateurs, Interventions n’a pas permis à TF1 de devancer le Castle de la France 2. Les trois derniers épisodes de la saison 1 seront diffusés lundi soir. Rien n’indique qu’une saison 2 sera tournée. “Le public ne s’y trompe pas” sanctionne Gérald Kierzek.