Bernard de la Villardière : Le harcèlement sexuel "est intégré comme un fait de société"

Bernard de la Villardière, Europe 1, 1280
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G.D , modifié à
Dimanche, M6 diffusera un numéro de "Dossier Tabou" sur le harcèlement sexuel. Bernard de la Villardière, présentateur de l'émission espère tirer, "un signal d'alarme" sur "un vrai phénomène de société".
INTERVIEW

Bernard de la Villardière a souhaité aborder "le harcèlement sexuel sous tous ses aspects" dans le numéro de Dossier Tabou, qui sera diffusé dimanche sur M6. "On cherchait un thème, on a pensé au sexisme. En travaillant sur le sexisme, on est tombé sur le harcèlement sexuel, on s’est rendu compte que c’était un vrai phénomène de société", a expliqué l'animateur dans l'émission Village médias sur Europe 1, vendredi.

Les femmes aménagent leur vie "en fonction de ce risque". "En interrogeant des jeunes femmes entre 20 et 35 ans autour de moi, je me suis rendu compte qu’elles aménageaient leur vie en fonction de ce risque de harcèlement sexuel, notamment quand elles prennent les transports en commun", explique Bernard de la Villardière. Il évoque notamment le cas de la ville de Montpellier, "où les filles sont vraiment victimes pratiquement au quotidien de ces harcèlements".

"Elles ne protestent pas." Cela a pour conséquence qu'une jeune femme, "à partir de 15-16 ans" va adapter son quotidien à cela : "Elle se fait raccompagner, elle ne rentre pas trop tard chez elle, elle prend le bus et se change ensuite tout près de l'endroit où elle va faire la fête..." "Ce qui est incroyable, c'est qu'elles ne protestent pas. C'est intégré comme un fait de société. Ça m'a révolté", raconte le journaliste.

"Une espèce de sous-culture a progressé dans notre pays." Selon un sondage cité dans l'émission, 27% des Français estiment que la responsabilité d'un violeur est atténuée si une femme porte une tenue sexy : "C'est scandaleux ! Ça démontre à quel point une espèce de sous-culture a progressé dans notre pays. C'est affolant ! Au cours de cette enquête, on essaye d'ouvrir les chapitres et de désigner les coupables."

"On tire un signal d'alarme" "Cette mentalité infuse peu à peu" et ses "soubassements sont parfois idéologiques, religieux. Ils sont aussi liés à la consommation du porno. Les adolescents ont une image de la sexualité qui est de plus en plus trash et violente", analyse Bernard de la Villardière. "Il y a une modification peu à peu des comportements et des mentalités sur lesquels on tire un signal d'alarme. Il faut que tout le monde réagisse !", ajoute-t-il.

"Un apartheid sexuel." Au cours de cette enquête, le journaliste a notamment suivi des femmes en caméra cachée à Creil, où il n'y a plus de femmes dans les cafés : "On suit ces femmes, musulmanes, qui se battent aujourd'hui pour se réapproprier la chaussée, le droit d'aller prendre un café, le droit de se rendre dans certains supermarchés... Il y a une espèce d'apartheid sexuel qui est en train de s'installer avec l'appui d'une idéologie salafiste qui est extrêmement nocive."

"Lâcheté de la République." Bernard de la Villardière condamne "une lâcheté de la République qui abandonne ces femmes à leur sort". Aujourd'hui, suite au tournage, ces femmes sont "menacées" et "il faut qu'on les rassure au téléphone", explique-t-il avant de promettre : "Nous serons extrêmement vigilants à ce qui se passera au lendemain de cette émission."

>> Retrouvez l'intégralité de l'interview de Bernard de la Villardière ici :