Australie : sur les traces d'un tueur en série, la fausse bonne idée de safari

Cette photographie non datée montre Ivan Milat, condamné en 1996 pour le meurtre de sept auto-stoppeurs en Australie.
Cette photographie non datée montre Ivan Milat, condamné en 1996 pour le meurtre de sept auto-stoppeurs en Australie.
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Une agence touristique propose un circuit de nuit sur les traces d'un tueur en série qui a sévi dans les années 90. Les familles des victimes et les pouvoirs publics en Australie s'indignent. 

C'est une affaire qui a plus de vingt ans et que certains préféreraient oublier. Entre 1992 et 1993, les corps de sept auto-stoppeurs, âgés d'une vingtaine d'années, sont retrouvés dans la forêt de Belanglo à proximité de la ville de Bowral dans le comté de Wingecarribee, à une centaine de kilomètres de Sydney. Tous, filles et garçons, deux Britanniques, trois Allemands et deux Australiens, ont été torturés et tués à l'arme blanche. Une jeune femme a aussi reçu une balle dans la tête. 

Le tueur en série responsable de ces meurtres est finalement coffré, en 1994, grâce au témoignage d'un jeune auto-stoppeur britannique qui lui a miraculeusement échappé en sautant du véhicule. Ivan Milat écope alors de la prison à perpétuité. Cette histoire, particulièrement sordide, a inspiré une agence de circuits touristiques australienne qui propose contre 150 dollars, soit une centaine d'euros, un circuit de nuit dans la forêt de Belanglo où Ivan Milat a enterré les cadavres de ses victimes. "Vous le réclamiez, nous l'avons fait - Goulburn Ghost Tours, les excursions de l'épouvante extrême, sont enfin une réalité", vantait la société sur son site internet, rapporte Le Guardian. "Suivez nous à Belango, où Ivan Milat a enterré les corps de ses victimes ! Mais une fois entré dans la forêt, vous pourriez ne jamais en sortir…" indiquait l'annonce, qui n'est plus accessible.

La colère des familles de victimes et des pouvoirs publics. Alors que la première sortie a été effectuée samedi dernier, l'idée révolte les associations de défense des victimes. Ce "circuit de la terreur" est perçu comme écœurant et irrespectueux envers les familles. Le porte-parole d'une association de victimes y voit une fascination pour le macabre. Le Premier ministre de l'Etat de Nouvelle-Galles du Sud, Mike Baird, a aussi dénoncé une initiative "répugnante". "Ce n'est pas seulement du mauvais goût, c'est horrible", s'est-il indigné.

Un autre meurtre il y a cinq ans. En 2010 dans la même forêt, le petit-neveu de Milat, Matthew Milat, âgé de 17 ans, avait torturé puis tué à coups de hache un de ses camarades, David Auchterlonie, qui fêtait ce jour-là ses 17 ans. Le meurtrier a été condamné en 2012 à 30 années de réclusion criminelle. La grand-mère de David, Sandra Auchterlonie, a elle aussi vivement réagi en apprenant les projets de Goulburn Ghost Tours. "Je ne peux empêcher personne d'organiser ces sorties lugubres mais je pense que c'est une honte", a-t-elle déclaré au Sydney Morning Herald.

Les propriétaires de la société n'étaient pas joignables mardi mais dans un entretien au journal Sydney Morning Herald, sa responsable, Louise Edwards, a assuré qu'elle était sensible à l'émotion soulevée.  "Nous y avons beaucoup réfléchi. Nous ne voulions offenser personne", a-t-elle réagi, assurant vouloir permettre aux touristes de se souvenir aussi des victimes. La prochaine sortie est prévue pour le 25 juillet, mais les autorités ont promis de fermer ce tour lugubre. Le Premier ministre de l'Etat de Nouvelle-Galles du Sud, Mike Baird, notamment, s'est engagé à refuser la licence que la société doit obligatoirement obtenir auprès du gouvernement de l'Etat pour lancer ses sinistres expéditions.