Ukraine : le journaliste russe Babtchenko est vivant, Kiev explique avoir mis en scène sa fausse mort

Arkadi Babtchenko n'est pas mort et est apparu devant la presse, mercredi.
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avec AFP , modifié à
Mort mardi, selon les autorités ukrainiennes et russes, le journaliste russe Arkadi Babtchenko est apparu devant la presse à Kiev, mercredi.

La mise en scène était préparée depuis plusieurs semaines, dans le plus grand secret, avec les services secrets ukrainiens. Arkadi Babtchenko est bel et bien vivant. Ce journaliste et écrivain russe, virulent critique du Kremlin, est apparu devant la presse, mercredi, au lendemain de l'annonce de sa mort par la police ukrainienne.

34.000 euros proposés par la Russie ? Dans la foulée, les autorités ont annoncé l'arrestation d'un homme accusé de préparer l'assassinat du journaliste. Selon elles, "l'organisateur" a reçu 40.000 dollars (34.000 euros environ) de la part des "services spéciaux russes".

L'Ukraine assure donc avoir mis en scène la mort du journaliste dans le but d'arrêter ce suspect. Selon Kiev, les services secrets russes auraient approché plusieurs anciens militaires pour assassiner le journaliste. L'un d'eux aurait dénoncé le complot aux autorités ukrainiennes, après avoir refusé la proposition russe. 

"Provocation cynique" déjouée. "Grâce à cette opération, nous avons réussi à déjouer une provocation cynique et à documenter les préparatifs de ce crime par les services spéciaux russes", a déclaré le chef des services ukrainiens de sécurité (SBU) Vassyl Grytsak, aux côtés du journaliste, précisant que cette "provocation" consistait à assassiner Arkadi Babtchenko.

Mardi, la police avait indiqué qu'Arkadi Babtchenko avait été tué par balle à Kiev, où il s'était exilé. "Selon les informations reçues par le SBU, le meurtre du journaliste russe Arkadi Babtchenko a été commandité par les services spéciaux russes", avait accusé mercredi Vassyl Grytsak, lors d'une conférence de presse conjointe avec le procureur général. 

"Mes excuses à ma femme". Les services ukrainiens sont allés jusqu'à faire témoigner l'épouse d'Arkadi Babtchenko, qui a dit avoir entendu des coups de feu et avoir retrouvé le corps ensanglanté de son mari. "Je voudrais présenter mes excuses à ma femme pour l'enfer vécu pendant deux jours. Je suis vraiment désolé. Il n'y avait pas d'autres options", a témoigné le journaliste mercredi soir. 

La Russie récusait les accusations ukrainiennes. Le directeur des services de sécurité russes (FSB), Alexandre Bortnikov, avait rejeté les accusations ukrainiennes, les qualifiant d'"absurdité" et de "provocation". Le Kremlin avait aussi "fermement condamné" le meurtre et dit "espérer une véritable enquête". L'Ukraine est devenue "un endroit très dangereux" pour les journalistes, qui sont expulsés, emprisonnés ou tués, avait renchéri son porte-parole Dmitri Peskov. "Cette mise en scène est bien évidemment une nouvelle provocation antirusse", a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué, soulignant : "Nous sommes ravis que ce citoyen russe soit vivant".