Renégocier le pacte : Merkel dit "Nein"

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G.V. avec agences , modifié à
La chancelière refuse de remettre à plat le traité, préférant y ajouter un nouveau volet "croissance".

A l’agenda international du nouveau président de la République figure en tête de liste un dossier sensible : renégocier le pacte européen de stabilité pour y ajouter une politique de relance économique. François Hollande va donc entamer de longues discussions avec l’Allemagne mais Angela Merkel a déjà prévenu lundi matin : "le pacte budgétaire n'est pas négociable".

Ajouter de la relance à la rigueur

Dès son allocution de victoire, dimanche soir, François Hollande a réaffirmé sa volonté de "donner à la construction européenne une dimension de croissance, d'emploi, de prospérité, d'avenir". A ses yeux, le pacte de stabilité adopté fin 2011 par l’Union européenne s’attaque certes aux déficits étatiques mais il risque de plonger toute la zone dans la récession.

Un plan de relance lui semble donc nécessaire pour éviter une récession généralisée, les pays de la zone UE étant très dépendants les uns des autres. Cette position, il l’avait déjà affirmée à la presse allemande mi-avril et il l’a répétée sitôt élu. "Si le pacte ne contient pas de mesures de croissance, je ne pourrai pas soutenir sa ratification par l'Assemblée nationale. Je l'ai promis aux Français et je m'y tiendrai"", avait-il alors déclaré au quotidien allemand Handelsblatt, ajoutant : "je ne suis pas isolé".

"Le pacte budgétaire n'est pas négociable"

De l’autre côté du Rhin, Angela Merkel n’a jamais caché son opposition à une telle renégociation et l’élection de François Hollande ne l’a pas fait changer d’avis. "Le pacte budgétaire n'est pas négociable", a martelé la chancelière conservatrice lundi matin.

"Il n'est pas possible de tout renégocier après chaque élection" car dans ces conditions "l'Europe ne fonctionne plus", a-t-elle souligné. De plus, si le pacte était renégocié, "la Grèce pourrait demander à renégocier aussi" le plan d'austérité auquel elle est soumise en échange de l'aide internationale.

Oui à une relance mais…

Si Angela Merkel refuse de remettre à plat un plan qu’il a été si difficile à négocier, elle n’écarte pas l’ouverture d’un nouveau volet consacré à la relance économique et à la croissance.

Reste à savoir ce qu’on entend par relance : l’Allemagne veut pas "d'une croissance par des déficits, mais d'une croissance par des réformes structurelles". En clair, une stimulation économique par l’abaissement du coût du travail, l’assouplissement des règles du chômage ou encore.

On est loin des projets d’infrastructures européennes, d'une nouvelle banque centrale européenne et des "eurobonds" défendus par François Hollande. La chancelière doit rencontrer le nouveau président français "juste après le 15 mai", a annoncé lundi Pierre Moscovici.