Climat : un accord européen trouvé à l'arrachée

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Noémi Marois avec AFP , modifié à
UNION - Les Européens ont finalement réussi à s'entendre pour adopter le paquet Energie-climat 2030, mais au prix de concessions.

Ce n'était pas gagné d'avance et pourtant, ils ont réussi. Les 28 pays de l'Union Européenne ont adopté vendredi le paquet Energie-Climat 2030 qui permettra à l'Europe de se présenter unie lors de la Conférence internationale sur le climat prévue à Paris, fin 2015. Ambitieux pour certains, décevant pour d'autres, il est surtout le fruit de longues négociations où il a fallu satisfaire tout le monde. 

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À quoi s'engage l'UE ? L'accord tient en trois chiffres seulement : réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 par rapport au niveau de 1990, porter la part des énergies renouvelables à 27% de la consommation et faire 27% d'économies d'énergie par rapport à 1990. 

Ces mesures sont prévues pour prendre le relais du paquet adopté en 2009 et qui fixait les objectifs pour 2020, en l'occurrence 20% de réductions de gaz à effet de serre, 20% d'augmentation d'énergies renouvelables et 20% de réduction de consommation d'énergie.

Herman Von Rompuy, président du Conseil européen,  a exprimé sa satisfaction sur Twitter en parlant d'un "accord du Conseil européen sur une politique énergétique et de climat la plus ambitieuse au monde".

Le président français, François Hollande s'est également réjoui de cet accord car "l'Europe montre l'exemple". "S'il n'y a pas d'accord" entre Européens, "comment convaincre les Chinois ou les Américains ?", avait-il demandé jeudi à son arrivée au sommet.

Des compensations pour l'Europe de l'Est. À Bruxelles, les négociations ont duré 8 longues heures durant lesquelles les échanges ont été ardus. Et pour cause, les divisions étaient importantes entre une Europe de l'Est qui utilise encore beaucoup d'énergies fossiles, tel le charbon, et une Europe plus riche qui se base déjà sur les énergies renouvelables ou ont développé le nucléaire. 

La République Tchèque, la Hongrie, la Roumanie, la Pologne et la Bulgarie souhaitaient ainsi recevoir une aide financière pour assurer leur transition énergétique. Et la Pologne, qui tire son électricité à 90% du charbon, avait même menacé d'un veto. 

Au final, ces pays ont obtenu des compensations pour les efforts qu'ils devront consentir, avec notamment la création d'un fonds, alimenté par une petite partie des ventes de certificats du système des quotas européens d'émission de CO2. Ils recevront aussi, jusqu'en 2030, des quotas d'émissions gratuits qu'ils utiliseront pour leurs centrales à charbon.

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Ewa Kopacz, Première ministre de la Pologne, à son arrivée à Bruxelles jeudi 23 octobre.

L'Espagne et le Portugal rompent leur isolement. La péninsule ibérique qui bénéficiera aussi de ce fonds de compensation, a également  poussé l'Europe à augmenter les objectifs d'"interconnexion" entre les réseaux électriques nationaux, pour les porter à 15%. L'Espagne et le Portugal espèrent ainsi mettre fin à leur situation énergétique enclavée, due à leur mauvaises connexions avec la France.

L'amélioration des interconnexions fait aussi partie des outils pour accroître l'indépendance énergétique de l'UE. Il s'agit d'un enjeu crucial comme l'a rappelé Herman Von Rompuy : "Avec la crise en Ukraine et les troubles au Moyen-Orient, il est devenu très clair à quel point il est urgent et vital de réduire la dépendance énergétique de l'Europe". 

L'Angleterre, pied à pied. L'Angleterre satisfaite aussi. David Cameron, le Premier ministre anglais, a ferraillé dur afin d'amoindrir le plus possible le poids de Bruxelles dans l'orientation des politiques énergétiques des pays de l'UE. Menaçant lui aussi d'utiliser son droit de veto, il a obtenu une baisse de 30 à 27% de l'objectif d'efficacité énergétique.

Un bémol, les objectifs ne sont pas contraignants. Si les objectifs sont ambitieux, ils risquent cependant de ne pas porter les fruits espérés. En effet, atteindre 27% d'énergies renouvelables dans la consommation totale d'énergie concerne l'Europe dans sa totalité et non chacun des pays membres individuellement. Ce qui laisse craindre aux écologistes polonais que leur pays ne mette pas fin à sa dépendance au charbon.  Autre bémol, l'objectif des 27% d'économies d'énergies n'est pas contraignant du tout. 

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