Manifestation d'extrême droite en Allemagne : la police au centre d'une controverse

Des partisans du mouvement anti-Islam Pegida, à Dresde, dans l’est de l’Allemagne, le 16 août dernier.
Des partisans du mouvement anti-Islam Pegida, à Dresde, dans l’est de l’Allemagne, le 16 août dernier. © AFP
  • Copié
Europe1.fr avec AFP
Une polémique enfle en Allemagne autour de l'intervention des forces de l'ordre contre une équipe de télévision, pendant une manifestation d'extrême droite.

La polémique prend de l'ampleur en Allemagne. Une semaine après l'intervention des forces de l'ordre contre une équipe de télévision, pendant une manifestation d'extrême droite, l'heure est aux explications. Le gouvernement parle de faits "inquiétants".

Des journalistes empêchés de filmer. Les faits remontent à une semaine. Des journalistes de la chaîne de télévision publique ZDF ont été pris à partie par un manifestant, qui leur a intimé l'ordre d'arrêter de filmer une action de protestation du mouvement populiste anti-islam Pegida et de l'AfD contre la venue, le même jour, de la chancelière à Dresde, capitale de Saxe. L'homme leur a reproché de manière véhémente de l'avoir filmé directement "en plein visage", les a accusés d'avoir commis un délit et fait appel à la police qui se trouvait à proximité pour lui demander d'intervenir.

Les forces de l'ordre ont alors questionné les journalistes pendant trois quarts d'heure, les empêchant de continuer à filmer. Le reporter de ZDF Arndt Ginzel avait posté sur les réseaux sociaux les images de l'incident, vues entretemps par près d'un million de personnes. ZDF a officiellement protesté au nom de la liberté de la presse. Le chef du gouvernement de Saxe, Michael Kretschmer, membre de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière, a lui défendu la police.

Le vice-président du parti social-démocrate accuse les conservateurs. Mais jeudi, le ministère local de l'Intérieur a reconnu que le manifestant à l'origine de l'esclandre appartenait à la police judiciaire locale. Ces révélations ont provoqué une nouvelle vague de protestations. Le vice-président du parti social-démocrate - membre de la coalition au pouvoir à Berlin - Ralf Stegner a accusé les conservateurs de Saxe "d'avoir pendant des décennies nié ou banalisé les mouvances d'extrême-droite et leurs actes de violences" dans un entretien au quotidien Handelsblatt. "Une attaque contre la liberté de la presse est une attaque contre notre constitution et ne doit pas être acceptée", a-t-il dit.

De son côté, la ministre sociale-démocrate de la Justice, Katarina Barley, a déclaré que "les événements en Saxe sont vraiment inquiétants". Elle a réclamé que toute la lumière soit faite par les autorités de cet Etat régional de l'Est du pays, gouverné par les conservateurs d'Angela Merkel, mais haut lieu du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) et de diverses mouvances néonazies.