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Didier François avec C.R-D , modifié à
L'envoyé spécial d'Europe 1 a suivi le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian en Irak lundi. Il dresse l'état des lieux de la lutte contre le groupe terroriste.
INTERVIEW

Parti en Irak avec le ministre de la Défense, Didier François, l'envoyé spécial d'Europe 1 livre un bilan encourageant de la coalition engagée contre l'organisation État islamique. Entre la reconquête de Mossoul et Raqa, les frappes aériennes et les nombreuses défections dans les rangs de l'EI, état des lieux d'une lutte sans relâche contre le groupe terroriste.

On parle beaucoup de la Syrie et un peu moins de l’Irak, qui reste pourtant une place forte des djihadistes de l’Etat islamique. Jean-Yves le Drian, le ministre de la Défense s’est rendu hier dans le pays . Où en est l’Etat islamique en Irak ?

L’Etat islamique n’a plus du tout le vent en poupe. L'organisation a été mise sur la défensive depuis maintenant trois mois. Un mouvement de bascule survenu lors de la chute de Ramadi en décembre dernier. Elle était la plus grosse ville après Mossoul reprise par les forces irakiennes. Depuis, l’Etat islamique ne cesse de reculer. 40% des territoires conquis l’année dernière par l’organisation terroriste ont été repris. Partout, la coalition fait reculer Daech. Désormais l’objectif est la reprise de leur capitale, l’encerclement de la ville de Mossoul, de deux millions d’habitants.

Ces djihadistes se déplacent ou y a-t-il des défections au sein de l’EI ?

Une partie des combattants alliés par opportunité ou enrôlés de force commence d’une part à déserter. On peut observer ce mouvement grâce aux lignes de front, dont certaines ne sont plus tenues. Des jeunes Irakiens désertent dès qu’ils en ont l’occasion, à tel point que l’Etat islamique a été obligé de renforcer ses groupes de volontaires étrangers pour tenir les lignes de front.

Le second mouvement est un mouvement de concentration d'efforts et de troupes sur les deux villes essentielles Mossoul et Raqa en Syrie, où l’Etat islamique a essayé de faire des places fortes et que les forces de la coalition commencent à frapper. Dimanche, les Français ont frappé à Mossoul avec les Américains. C’est la première fois que les Français frappent des centres de commandements dans la ville de Mossoul.

Les frappes françaises se poursuivent donc en Irak aussi ?

Tout à fait. C’est à un mouvement à deux niveaux. Un mouvement de frappes aériennes qui vise à appuyer les forces irakiennes et les milices kurdes, mais aussi des frappes sur les postes de commandement et les centres de ravitaillement et particulièrement tout ce qui peut produire de l’argent, notamment grâce au pétrole. L’Etat islamique se rémunère largement grâce à la contrebande de pétrole. L'organisation a ainsi perdu près de 50 % de ses ressources sur les trois derniers mois grâce à la campagne de la coalition internationale pour frapper les puits de pétrole, les raffineries, les convois de camions, à tel point que les combattant de Daech, qui étaient payés à peu près 400 dollars par mois ont vu leur salaire diminuer d’au moins de moitié.

L’Irak est bombardée mais y a-t-il des soldats français sur place ?

Oui il y a environ 300 soldats français déployés sur place. La moitié des soldats est à Bagdad où ils forment l’unité antiterroriste du gouvernement irakien. C’est la "Brigade d’or", une brigade très offensive, les forces d’élites de l’armée irakienne qui ont repris Ramadi au mois de décembre. Ce sont les Français qui ont formé environ 50 % des forces commandos d’Irak. Nous les formons dans trois domaines particuliers : la lutte contre les mines car les djihadistes utilisent beaucoup les pièges et les explosifs pour empêcher les forces irakiennes de progresser, le combat en zone urbaine, dans la perspective de la reprise de villes, et enfin, le secours au combat. Le même type de travail est fait dans le Kurdistan irakien pour les milices kurdes, les peshmergas.