Les djihadistes de l'Etat islamique aussi ont leur grille de salaires

© AFP/WELAYAT RAQA
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Un combattant de l'Etat islamique percevrait entre 50 et 400 dollars en moyenne selon David Thomson, journaliste spécialiste du djihad. Un signe supplémentaire de l'organisation minutieuse de la structure terroriste.

Les atours d'un Etat classique. L'Etat islamique, son administration, ses frontières, sa monnaie, et, désormais, ses grilles de salaire. L'organisation terroriste, autoproclamée "Etat", tente de se parer de tous les atours d'une structure politique classique.

Un salariat djihadiste. On savait depuis plusieurs mois que l'EI frappait sa propre monnaie en or et en argent pour garantir les échanges commerciaux avec les pays frontaliers. Mais jeudi, le journaliste spécialiste du djihad David Thomson a donc dévoilé une autre facette de l'Etat islamique, qui, mois après mois et malgré les frappes aériennes dont il est la cible, démontre son impressionnante capacité d'organisation. 

De 50 à 400 dollars par mois. Comme des employés classiques ou même des fonctionnaires, chaque combattant est rémunéré selon une grille de salaire hiérarchisée et bien établie. "Un soldat situé au plus bas de l'échelle touche un salaire de 50 dollars alors qu'un djihadiste haut-placé peut lui engranger jusqu'à 400 dollars par mois", explique le site Atlantico. Pas mal dans une région où le salaire moyen ne dépasse pas les 200 dollars en Syrie. Les revenus varient non seulement en fonction du rang, mais aussi de la condition de chacun : les femmes, enfants, ou esclaves à charge, puisque l'Etat islamique asservit certaines populations comme les Yézidis, permettent de justifier d'une augmentation.

 

Nourris, logés, blanchis. Outre cette rémunération, l'EI nourrit, loge et blanchit ses combattants. Et, bien évidemment, leur fournit des armes, gracieusement prêtées par "la Trésorerie de l'EI". D'autres médias avaient donné leurs propres estimations des salaires perçus par les djihadistes. Le Telegraph (en anglais) estimait que les officiers touchaient au moins 300 dollars mensuels tandis que les plus hauts-gradés pouvaient gagner jusqu'à 2.000 dollars.

2 milliards d'euros de budget 2015. Une masse salariale conséquente puisque le journal britannique estime que l'EI compterait pas moins de 1.000 officiers et sous-officiers. Mais l'organisation terroriste a de la ressource pour éviter les impayés. En effet, le magazine de l'EI dévoilait dans ses pages le budget estimé pour 2015 : 2 milliards de dollars (1.85 milliards d'euros, soit 0.7% du PIB français tout de même), comme le rapporte le Christianpost (en anglais).

Manne pétrolière et trafic d'antiquités. Pour remplir les caisses, et malgré de lourdes pertes en la matière ces dernières semaines suite aux frappes de la coalition, l'EI peut compter sur la rente pétrolière (l'organisation détient 60% du pétrole syrien et 20% des ressources irakiennes), mais aussi, quand les djihadistes ne les détruisent pas, sur le trafic d'antiquités. 

Smicards et gros salaires. Une situation financière assez saine pour recruter à tour de bras. Human Rights Watch, qui dénonçait dans un rapport l'utilisation par l'EI de jeunes adolescents pour des missions suicides. Ces "martyrs" sont payés 135 dollars par mois pour donner leur vie. Mais l'organisation terroriste peut se montrer beaucoup plus clémente envers certain de ses "collaborateurs". L'International Business Times rapportait une offre d'emploi bien particulière : en novembre 2014, l'Etat islamique aurait cherché à recruter un directeur pour ses raffineries de pétrole. Salaire mensuel : 18.000 dollars. 

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