Le chercheur climatosceptique était payé par l'industrie pétrolière

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et Salomé Legrand , modifié à
Le chercheur américain Willie Soon est pointé du doigt par Greenpeace, qui révèle ses liens financiers avec des lobbys industriels.

Il est l'un des fers de lance du mouvement climatosceptique aux Etats-Unis, l'un des rares scientifiques à remettre en cause l'origine humaine du changement climatique. Mais sa crédibilité est largement remise en cause. Le chercheur américain Willie Soon est la cible de révélations de l'ONG Greenpeace, repérées par Le Monde. "L'enquête montre que le Dr. Soon a reçu des fonds substantiels de la part de l'industrie pétrolière pendant la majorité de sa carrière scientifique et des financements d'importantes sociétés lors de la dernière décennie", écrit l'association écologiste.

1,2 million de dollars sur 14 ans. "Il avait déjà admis recevoir des fonds de l'industrie pétrolière auparavant", précise à Europe 1 Jesse Coleman, l'activiste qui a mené l'enquête. Grâce à une loi américaine sur la liberté d'information, il a pu obtenir une "liste de dons" de la part du Harvard-Smithonian Center for Astrophysics, le centre de recherches public auquel est rattaché Wei-Hock Soon de son vrai nom. Le montant est astronomique : "Depuis 2001, il a reçu 1,2 millions de dollars (environ un million d'euros) de l'industrie pétrolière, comme Exxon Mobil par exemple", révèle Jesse Coleman. Parmi ses financeurs, on trouve également des lobbys comme l'American Petroleum Institute ou encore la Southern Industrial, mais aussi les frères Koch, de richissimes industriels conservateurs.

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"Il est l'un des seuls climatosceptiques à avoir une éducation scientifique", souligne Jesse Coleman. Les articles de Willie Soon ont été publiés dans des revues scientifiques, comme la publication chinoise Science Bulletin. Ses affirmations profitent donc de la crédibilité dont jouit la communauté scientifique. "Quand il soumet ses articles à des revues scientifiques dans le monde entier, il doit leur dire s'il est l'objet de conflits d'intérêt ou non", explique Jesse Coleman. Ce que le chercheur n'a pas fait. De plus, l'ONG s'est procuré les échanges écrits entre Willie Soon et ses financeurs. En marge de ses brouillons d'articles figurait parfois la mention "livrable", signifiant que ses financeurs avaient lu et approuvé la recherche avant qu'elle ne soit publiée.

Des travaux brandis en exemple. Dans ses travaux, le chercheur américain affirme que les changements climatiques importants de ces dernières décennies sont le fait de variations solaires, et non pas le CO2 émis par les activités humaines. Les recherches de Willie Soon sont régulièrement brandies en exemple par les politiques américains sceptiques, ce qui a attiré l'attention de Greenpeace.

Le directeur du Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics a affirmé au New York Times que cette affaire relevait d'un "comportement inapproprié", ajoutant : "Sincèrement, cela devient une histoire personnelle, que nous devons régler en interne avec M. Soon."

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