Après 37 ans au pouvoir, le président du Zimbabwe a démissionné

Robert Mugabe était à la présidence du pays depuis 37 ans.
Robert Mugabe était à la présidence du pays depuis 37 ans. © JEKESAI NJIKIZANA / AFP
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avec agences , modifié à
Robert Mugabe a officiellement démissionné de ses fonctions présidentielles mardi dans une lettre lue au Parlement.

Robert Mugabe a mis fin mardi à son règne autoritaire de 37 ans à la tête du Zimbabwe en présentant sa démission de la présidence du pays, poussé vers la sortie par l'armée, son propre parti et la rue au terme d'une semaine de crise. Le plus vieux dirigeant en exercice de la planète, âgé de 93 ans, a annoncé sa décision historique dans une lettre envoyée au président de l'Assemblée nationale, qui débattait alors de sa destitution.

"Un transfert de pouvoir pacifique"."Moi, Robert Gabriel Mugabe (...) remets formellement ma démission de président de la République du Zimbabwe avec effet immédiat", a déclaré le président de l'assemblée nationale Jacob Mudenda, en lisant la lettre de démission du chef de l'Etat, provoquant un tonnerre d'applaudissements dans les rangs des députés. "J'ai choisi volontairement de démissionner (...) Cette décision a été motivée par (...) mon désir d'assurer un transfert du pouvoir sans problème, pacifique et non violent", a expliqué Robert Mugabe dans sa lettre. 

L'annonce de sa démission a été immédiatement saluée par un concert assourdissant d'avertisseurs dans la capitale Harare :

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©TONY KARUMBA / AFP

Au Centre international de conférences, où se tenait la session extraordinaire des députés mardi, on a commencé à enlever le portrait du président déchu :

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©JEKESAI NJIKIZANA / AFP

Le coup de force de l'armée. Accueilli en libérateur à l'indépendance en 1980, le "camarade Bob" a dirigé son pays d'une main de fer, muselant tous ses opposants et ruinant son économie. Mais il semblait indéboulonnable, dernier chef d'Etat africain issu des luttes pour l'indépendance encore au pouvoir. C'est sa deuxième épouse, Grace Mugabe, 52 ans, qui a précipité la chute de son régime : le 6 novembre, elle a obtenu l'éviction du vice-président Emmerson Mnangagwa, qui lui barrait la route dans la course à la succession de son mari, à la santé de plus en plus fragile. L'éviction de ce fidèle du régime, héros de la lutte de "libération" du Zimbabwe, a provoqué l'intervention de l'armée, qui contrôle le pays depuis la nuit du 14 au 15 novembre.

 

Du jamais vu dans l'histoire du pays. Depuis, Robert Mugabe résistait aux appels à la démission. Les militaires, qui se sont défendus de mener un coup d'Etat, essayaient depuis plusieurs jours d'obtenir en douceur la reddition du chef de l'Etat afin d'éviter les critiques et d'éventuelles menaces d'intervention des pays voisins, en vain. La direction de la Zanu-PF, son propre parti, l'avait pourtant spectaculairement démis de ses fonctions de président dimanche, jusqu'à lancer mardi au Parlement une procédure de destitution, du jamais vu dans l'histoire du pays. Le débat avait à peine commencé au Parlement, lorsque le président de l'Assemblé a lu la lettre de démission de Robert Mugabe. Selon toute vraisemblance, la période de transition qui s'ouvre devrait être dirigée par l'ancien vice-président Mnangagwa.

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