Palestinien en grève de la faim : la justice israélienne lâche du lest

Une manifestation de soutien à Mohammed Allan à Ramallah, en Cisjordanie
Une manifestation de soutien à Mohammed Allan à Ramallah, en Cisjordanie © AFP/ABBAS MOMANI
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avec AFP , modifié à
La justice israélienne a suspendu la détention administrative pesant sur Mohammed Allan, ce Palestinien qui fait une grève de la faim depuis deux mois.

Mohammed Allan a obtenu gain de cause. Mercredi, la Cour suprême israélienne a décidé de suspendre pour raisons de santé la détention de cet avocat palestinien, soupçonné d'appartenir au Djihad islamique. Mohammed Allan, en détention administrative, a entamé une grève de la faim il y a deux mois et venait de sortir du coma mardi.

Dans un état critique. A l'annonce de cette décision, l'avocat de Mohammed Allan a indiqué que son client avait mis fin à sa grève de la faim. Des analyses médicales ont prouvé que son cerveau avait été atteint. La Croix Rouge estimait auparavant qu'il se trouvait en "danger de mort imminente", après avoir perdu temporairement la vue, l'audition et la capacité à se mouvoir.

Pendant 65 jours, la Palestinien de 31 ans n'a ingéré que de l'eau et avait refusé des traitements médicaux, avant de tomber dans le coma. Il avait alors été placé sous respirateur artificiel dans un hôpital de la bande de Gaza et s'était vu injecter des vitamines et de la solution salée. La Cour suprême israélienne a indiqué qu'il devait pour l'heure "demeurer en soins intensifs".

La détention administrative israélienne. Mohammed Allan était en détention administrative depuis novembre 2014. Il s'agit d'un régime d'emprisonnement particulier, généralement appliqué aux Palestiniens suspectés de terrorisme. Il permet de détenir un suspect sans lui indiquer le motif pendant six mois, renouvelables indéfiniment. L'avocat de 31 ans est soupçonné d'appartenir aux brigades Al-Qods, la branche armée du Djihad islamique, une organisation terroriste présente dans la bande de Gaza.

En quelques semaines, le Palestinien est devenu le symbole de la protestation contre ces mesures. Comme lui, nombre de détenus ont pourtant commencé des grèves de la faim. Le sort de Mohammed Allan relevait du casse-tête pour l'Etat israélien. Il s'agissait de ne pas laisser mourir l'avocat sans donner l'impression de céder à la pression des prisonniers. Gilad Erdan, ministre israélien de la Sécurité intérieure, avait estimé que "sa libération récompenserait sa grève de la faim et risquerait d'encourager des grèves de la faim massives parmi les détenus de sécurité, qui auraient ainsi trouvé un nouveau moyen de faire chanter l'Etat d'Israël".

Allan (à moitié) libre. Pour l'heure, le Palestinien retrouve un semblant de liberté. La Cour suprême a indiqué qu'il serait désormais soigné comme n'importe quel autre patient. "Sa famille et ses amis pourront lui rendre visite, pas en tant que prisonnier, [en respectant] les instructions médicales habituelles concernant les visites aux malades", a-t-elle expliqué. "Quand son état sera stabilisé, si Allan demande à être transféré dans un autre hôpital, il devra le faire auprès des autorités et en cas de difficulté ou de désaccord, il sera possible de se tourner vers la Cour", a-t-elle ajouté. On ne sait pas pour l'heure ce qu'il adviendra lorsque Mohammed Allan sera totalement remis.