Le Burkina Faso défile contre l’inoxydable président Compaoré

© Reuters
  • Copié
, modifié à
Le président au pouvoir depuis 1987 veut modifier la constitution pour rester dans son siège. Les Burkinabé ont lancé une mobilisation monstre.

"Blaise = Ebola", "Judas, libérez les lieux", "Blaise dégage", pouvait-on lire sur les affiches brandies dans les rues de Ouagadougou. Une manifestation historique a eu lieu mardi dans la capitale du Burkina Faso pour empêcher le président Blaise Compaoré de rester au pouvoir. 1 million de personnes sont descendues dans les rues, selon l’opposition, des centaines de milliers selon les médias. Mercredi, le mouvement continue avec une grève générale, mais aussi la crainte d’affrontements avec les forces de l’ordre.

Statue déboulonnée pour un indéboulonnable. Jamais une manifestation n’avait été aussi importante au Burkina Faso. En 1983, quand la Haute-Volta devient le Burkina Faso, les habitants n’étaient pas descendus aussi massivement rejoindre la Place de la Nation de la capitale lors de la révolution burkinabé.

Selon un journaliste sur place, la mobilisation de mardi était bien plus grande qu’une précédente manifestation, au mois d’août. Les étudiants s’étaient révoltés après la fermeture de cités et de restaurants universitaires. A l’époque, l’opposition burkinanè avait revendiqué plus de 100.000 participants. Cette fois, la mobilisation s’est étendue à plusieurs villes du pays. Un film de fin de règne s’est déroulé à Bobo-Dioulasso, deuxième ville du pays, où la statue du président Blaise Comparoé a été déboulonnée, raconte RFI.

Manifestations au Burkina Faso - 1280-640

© REUTERS

Accroché à son siège de président depuis 1987, Blaise Compaoré tente de filouter pour garder les rennes du pays après 2015 et l’expiration de son mandat. La constitution burkinabè actuelle l’empêche de briguer un troisième quinquennat. Qu’à cela ne tienne. Blaise Compaoré a demandé aux députés de plancher sur la question et de modifier l’article 37 de la loi fondamentale lors d’une session de l’Assemblée nationale qui doit se tenir jeudi. Un "coup d’Etat constitutionnel", selon l’opposition, suivie par une majorité de Burkinabès.

Les compteurs à zéro. Dans le passé, Blaise Compaoré a déjà modifié cet article pour enchaîner deux septennats, puis deux quinquennats, après des élections remportées avec des scores soviétiques. Ses opposants politiques craignent que ce nouveau coup de force lui permette non pas d’enchaîner un troisième mandat, mais de remettre les compteurs à zéro et de reprendre un nouveau cycle de trois quinquennats, soit 15 années de plus au pouvoir.

Blaire Compaoré rentre aisément dans le top 10 des dirigeants boulonnés à leur siège sur le continent africain. Dans les deux années à venir, une vingtaine de dirigeants africains remettent leur place en jeu. Au moins quatre pays, en plus du Burkina Faso, envisage de modifier leur constitution : Congo Brazzaville, Burundi, République démocratique du Congo et Bénin.