La Tunisie s'éveille après une première nuit de couvre-feu

Tunis, afp
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Une première nuit de couvre-feu a été décrété après plusieurs jours d'une contestation sociale inédite par son ampleur et sa durée depuis la révolution de 2011.

La Tunisie s'éveille après une première nuit de couvre-feu. Le Premier ministre Habib Essid, qui a affirmé vendredi que la situation était "actuellement maîtrisée", doit présider un conseil des ministres exceptionnel samedi.

Le décès d'une jeune chômeur embrase la Tunisie. Cinq ans après le renversement du dictateur Zine El Abidine Ben Ali, les manifestations contre la misère et pour la justice sociale sont parties de la région défavorisée de Kasserine (centre) à la suite du décès il y a une semaine d'un jeune chômeur. Le mouvement s'est propagé à de nombreuses autres villes et a notamment été marqué par des violences dans le Grand Tunis. A Sidi Bouzid, des heurts avaient opposé le matin policiers et manifestants -des chômeurs ainsi que des écoliers et lycéens. C'est à Sidi Bouzid que le vendeur ambulant Mohammed Bouazizi s'est immolé par le feu fin 2010, un geste qui a déclenché la révolution.

Gare à la "récupération par des mains malveillantes". Vendredi soir, dans une allocution télévisée, le président Béji Caïd Essebsi a jugé la contestation "naturelle" et appelé le gouvernement à élaborer un plan contre le chômage car "il n'y a pas de dignité sans emploi". Mais il a mis en garde contre sa récupération par "des mains malveillantes", évoquant des partis politiques sans les nommer ainsi que le groupe Etat islamique (EI). "La nouveauté, c'est qu'il a semblé à Daech (acronyme arabe de l'EI), qui est présent en Libye, presque à nos frontières maintenant, que la situation lui permettait de fourrer son nez dans cette opération", a-t-il soutenu.