La Papouasie détruit les abris du camp australien de Manus

Les migrants ne veulent pas "quitter cette prison pour une autre prison"
Les migrants ne veulent pas "quitter cette prison pour une autre prison" © EOIN BLACKWELL / AAP/MINDS / AFP-SERVICES
  • Copié
avec AFP , modifié à
Alors que le camp de rétention de l'île de Manus est officiellement fermé, les migrants qui s'y sont retranchés refusent de le quitter malgré la menace d'usage de la force de la part des autorités papouasiennes.  

Les autorités papouasiennes ont lancé jeudi un ultimatum aux 600 réfugiés retranchés dans un camp de rétention australien en dépit de sa fermeture officielle, menaçant d'utiliser la force s'ils n'en sortaient pas d'ici samedi.

Un camp officiellement fermé. Objet de vives critiques des organisations de défense des droits de l'homme, le camp de l'île de Manus, ouvert par Canberra en Papouasie-Nouvelle-Guinée pour détenir et traiter les dossiers de demandeurs d'asile, a été officiellement fermé mardi 31 octobre, ayant été jugé anticonstitutionnel par la Cour suprême de Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Les migrants craignent pour leur sécurité. Mais environ 600 hommes s'y sont barricadés alors même que l'eau et l'électricité ont été coupés et que les vivres s'y font de plus en plus rares. Les migrants, qui dénoncent de longue date leur détention illimitée, ont été priés de se rendre dans trois centres de "transition". Mais ils disent craindre pour leur sécurité alors que certains habitants se montrent hostiles à leur endroit.

Une "affaire de sécurité publique". "Compte tenu de la décision de la Cour suprême, le gouvernement n'a d'autre choix que d'intervenir pour le bien-être des réfugiés et des autres", a déclaré le Premier ministre papouasien Peter O'Neill. "Des mesures appropriées" seront prises pour "arrêter les individus responsables d'angoisse et de violences non-nécessaires", a-t-il averti. "Leur comportement est désormais une affaire de sécurité publique, ainsi qu'un problème d'hygiène et de santé, et sera traité comme tel, qu'il s'agisse ou non de réfugiés réels." 

La menace de l'usage de la force. Des avis ont été affichés jeudi dans le camp avertissant que "la force pourrait être utilisée pour transférer ceux qui refusent de partir volontairement" d'ici samedi. Le réfugié iranien Behrouz Boochani, qui joue le rôle de porte-parole des occupants du camp, a indiqué que policiers et fonctionnaires de l'immigration avaient pénétré dans le camp pour faire connaître cet ultimatum. "Les réfugiés ont extrêmement peur des menaces du département de l'immigration mais continuent de dire que nous ne quitterons pas cette prison pour une autre prison", a-t-il expliqué dans un tweet.

Aucun boat-people sur le sol Australien. Canberra mène une politique extrêmement dure vis-à-vis des migrants qui tentent de gagner ses côtes, en les reléguant sur Manus ou dans le micro-État insulaire de Nauru. L'Australie n'accepte aucun boat-people sur son sol, même ceux qui remplissent les critères du droit d'asile. Amnesty International a mis en garde contre les risques d'un recours à la force contre les migrants.