La loi sur le niqab expliquée à l’étranger

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Europe1.fr (avec Didier François) , modifié à
La France a préparé un argumentaire en cas de critiques étrangères sur la future loi sur le niqab.

Les députés se penchent mardi sur l'interdiction du port du voile intégral, dans un climat qui s'annonce beaucoup moins électrique que prévu, les socialistes revendiquant une "attitude responsable" après avoir dénoncé un texte à leurs yeux "inapplicable".

Si l’ambiance paraît apaisée pour l'examen par l'Assemblée du projet de loi "interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public", son adoption pourrait provoquer des remous bien plus importants à l’étranger.

Les diplomates français briefés

Le ministère des Affaires étrangères craint donc des réactions hostiles, voire violentes contre les ressortissants français. Les ambassades ont donc été mises en alerte depuis plusieurs semaines, avec mission d'expliquer que la loi ne vise pas à interdire la pratique de l'islam en France.

L’argumentaire envoyé aux diplomates précise que le nouveau projet de loi ne vise pas le foulard islamique, mais le seul voile intégral de type burqa ou niqab.

Pour Françoise Lorcerie, spécialiste de l’islam au CNRS, cette distinction n’est pas anodine : "c’est très différent parce que le niqab n’est pas considéré majoritairement comme une obligation. C’est considéré comme une façon très marquée politiquement d’affirmer sa religion. Il y a donc beaucoup moins de réactions passionnelles, ou pas du tout".

Éviter les erreurs du passé

A l’été 2004, l’adoption de la loi interdisant le port du voile à l’école avait déjà pris une dimension internationale. Le monde musulman avait alors très mal vécu cet évènement. "La polémique de 2004 avait été très mal ressenti par l’ensemble des musulmans, ici on l’oublie trop. Parce qu’on touchait a un droit individuel de porter ce signe de relation à Dieu, donc la rue arabe a réagi à ce moment-là", analyse Françoise Lorcerie.

Pire, l’Armée islamique en Irak, qui détenait en otage les journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot, avait alors demandé son retrait. C’est ce genre de situation que le ministère des Affaires étrangères veut éviter en prenant soin d’expliquer les finesses du projet de loi.