L'organisation Etat islamique traque ses djihadistes déserteurs

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DJIHAD - L’organisation terroriste commence à voir certains de ses membres fuir. Désormais, elle les traque et les exécuterait même.

La "magie" de l'aventure djihadiste en Syrie commence visiblement à s'estomper : l'organisation Etat islamique commence à enregistrer des désertions de combattants étrangers. Pour y mettre fin, le groupe a mis ne place une police spéciale et aurait même, selon le Financial Times de samedi, exécuté une centaine de ses hommes.

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Les djihadistes déserteurs traqués. Le groupe djihadiste Etat islamique (EI) a exécuté 100 de ses combattants étrangers qui tentaient de quitter la ville syrienne de Raqqa, dans le nord de la Syrie, a affirmé samedi dans le Financial Times un activiste opposé à la fois au régime syrien et à l'EI. Ce militant qui témoignait sous couvert de l'anonymat et que le Financial Times dit "bien connaître" affirme dans le quotidien économique "avoir vérifié ces 100 exécutions" djihadistes étrangers tentant de fuir les combats.

Selon des membres du groupe terroriste à Raqqa, une police militaire a été créée pour s'occuper des combattants étrangers tentant de déserter les combats, donnant lieu à des dizaines de fouilles de domiciles des combattants et à autant d'arrestations.

Le journal dit avoir eu accès à un document détaillant de nouvelles restrictions à la liberté de mouvement de ses combattants. Pour autant, le quotidien n'a pas pu vérifier l'origine de ce texte, qui lui a été fourni par un opposant proche de membres de l'Etat islamique. Des militants locaux ont affirmé qu'ils devaient désormais avoir des documents d'identification sur eux. "A Raqqa, ils ont arrêté 400 membres et imprimé des pièces d'identité pour les autres", affirme l'activiste.

Des djihadistes frustrés. Selon des habitants de zones contrôlées par l'Etat islamique, des nombreux combattants sont frustrés d'avoir été envoyés à Kobané, une ville kurde proche de la frontière turque. L'argument avancé par les réticents : Kobané n'est pas stratégiquement assez importante pour justifier les lourde pertes subies par le groupe islamiste.

Un autre problème pointé du doigt par les habitants sont l'augmentation des tensions communautaristes au sein d'une organisation qui regroupe des combattants de dizaines de nationalités différentes. Il y aurait notamment eu des frictions entre des Tchétchènes et des Ouzbeks à Raqqa.

De plus en plus d'Occidentaux tentés par le retour. La presse britannique affirmait mi-octobre que cinq Britanniques, trois Français, deux Allemands et deux Belges, qui voulaient rentrer dans leur pays d'origine après s'être plaints de combattre des groupes rebelles plutôt que les forces du régime de Bachar Al-Assad, avaient été faits prisonniers par le groupe EI. Au total, entre 30 et 50 Britanniques souhaiteraient rentrer mais craignent d'être emprisonnés à leur arrivée, évaluaient également mi-octobre des chercheurs du King's College de Londres qui avaient été contactés par l'un d'entre eux affirmant parler au nom des autres.

Depuis le lancement en août de la campagne de frappes aériennes menée par la coalition formée par les Etats-Unis, le groupe djihadiste a perdu du terrain et vu le nombre de ses membres tués augmenter notablement. Cette semaine, le Pentagone a affirmé que plusieurs chefs du groupe EI en Irak avaient été tués par les frappes aériennes de la coalition. En 40 jours, entre octobre et novembre, quelque 2.000 raids ont fait plus de 500 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG qui dispose d'un réseau de militants et sources médicales sur le terrain.

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