L’Australie veut autoriser le passage à tabac des migrants

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Le gouvernement fédéral chercherait à autoriser les gardes des centres de rétention à battre à mort les immigrants clandestins.

L’Australie a franchi un nouveau cap dans ses mesures anti-immigration. Le gouvernement fédéral pourrait adopter une nouvelle loi autorisant les gardes des centres de rétention à "battre les demandeurs d’asile à mort", selon l’édition de jeudi du quotidien britannique The Guardian. Outre cette mesure, les forces de sécurité seraient davantage protégées face aux poursuites judiciaires en cas de plainte des demandeurs d’asile.

Davantage de pouvoirs pour les agents. Cette mesure devrait augmenter de façon significative les pouvoirs accordés aux gardes des centres de rétention. Les officiers des services australiens de l’immigration seraient ainsi autorisés à "utiliser la force de façon raisonnable contre n’importe quelle personne", si l’agent estime que c’est nécessaire pour maintenir l’ordre et la sécurité. Mais selon plusieurs juristes interrogés par le quotidien britannique, ces mesures pourraient légaliser de graves dérives en assurant l’immunité aux forces de sécurité des centres de rétention.

"Si c’est nécessaire". Stephen Carles, un ancien juge de la Cour d’Appel de la région de Victoria interrogé lors d’une audition au Sénat australien, a ainsi estimé que cette nouvelle loi devrait "inévitablement encourager les gardes à utiliser la violence contre les demandeurs d’asile". "Ces amendements au ‘Migration Act’ (le nom de la loi, ndlr) autoriseront les gardes à battre à mort les demandeurs d’asile, s’ils estiment que c’est nécessaire", a poursuivi l’ancien juge. Le Sénat australien, qui rédige un rapport sur ces nouvelles mesures, devrait livrer ses conclusions au mois de mai.

Une série de mesures anti-immigration. Si ces mesures ne sont pas encore adoptées, cette proposition intervient dans un climat délétère pour les demandeurs d’asile en Australie. Depuis son élection fin 2013, le Premier ministre Tony Abbott a sévèrement durci la politique d’immigration dans son pays, qui fait face à un afflux massif de migrants. Un député australien avait même accusé en octobre dernier les autorités de "crimes contre l’humanité" à l’encontre des immigrés clandestins. L’Australie est aussi régulièrement pointée du doigt par les défenseurs des droits de l’homme.

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