Israël : le gouvernement adopte le principe d'un Etat-nation juif

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avec agences , modifié à
Les observateurs jugent que ce projet de loi affaiblit les fondements démocratiques du pays et les droits de la minorité arabe.

Le gouvernement de Benjamin Netanyahu a approuvé dimanche un projet de loi instaurant le statut légal d'Israël comme l'Etat-nation du peuple juif, une initiative qui, selon ses adversaires, affaiblit les fondements démocratiques du pays et les droits de la minorité arabe. Même si la version définitive du texte devrait être édulcorée à la Knesset, certains dénoncent une forme de racisme.

Que dit le projet ? Selon ce projet, Israël ne serait plus défini dans les Lois fondamentales, qui font office de Constitution, comme "juif et démocratique" mais comme "l'Etat national du peuple juif", ouvrant la porte à une institutionnalisation des discriminations à l'égard de la minorité arabe israélienne.Deux versions du projet de loi sont soumises au vote, à l'initiative de députés de la frange la plus à droite de la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu. La première version est présentée par Zeev Elkin (Likoud), la deuxième par Ayelet Shaked (Foyer juif) et Yariv Levin (Likoud). La version définitive du texte devrait être amendée et édulcorée à la Knesset (le Parlement).

Un projet de loi qui a divisé la coalition. Le projet de loi a accentué les divisions au sein de la coalition gouvernementale. La rédaction finale du projet n'est pas encore achevée mais le procureur général Yehouda Weinstein, conseiller juridique du gouvernement, a critiqué le projet, estimant qu'il affaiblissait le caractère démocratique d'Israël, et la ministre de la Justice Tzipi Livni a réussi la semaine dernière à faire repousser le vote. L'initiative est, en revanche, soutenue par les ministres de la droite et de l'extrême-droite face à leurs collègues du centre. Par 15 voix contre sept, le gouvernement a approuvé trois versions du projet de loi qui pourraient être fusionnées ultérieurement.

Tzipi Livni a fait part de son opposition au projet sur Twitter : 

Un gage de Netanyahu à la droite de sa coalition. "Les deux versions du projet de loi discutées ce dimanche sont un gage donné par M. Netanyahu aux éléments les plus à droite de sa coalition", explique Denis Charbit, professeur de Sciences politiques à l'Université d'Israël. "C'est une mascarade politique. Netanyahu sait qu'il fait voter un projet imbuvable, qui a été critiqué par le conseiller juridique du gouvernement comme extrêmement problématique", explique-t-il."Un drapeau, un hymne, le droit pour tous les juifs d'immigrer dans le pays et d'autres symboles nationaux. Cela est garanti seulement pour notre peuple, dans son seul et unique Etat", a commenté Netanyahu après le conseil des ministres.

Les Arabes-israéliens indignés. Les Arabes-israéliens, les descendants des Palestiniens restés sur leur terre après la création d'Israël en 1948, dénoncent eux une "inscription du racisme, déjà présent dans la rue, dans la Loi et au coeur du système politique", selon les mots de Majd Kayyal, d'Adalah, le Centre juridique de défense des droits de la minorité arabe. "La démocratie garantit que tous les citoyens ont les mêmes droits et sont égaux face à l'Etat, mais cette modification raciste introduit une distinction sur la base de la religion", poursuit-il. Les Arabes-israéliens représentent un Israélien sur cinq et affirment être traités en "citoyens de seconde zone" après que les autorités israéliennes ont saisi la quasi-totalité des terres des municipalités arabes pour y installer des immigrants juifs.