Idleb attaquée par l'armée syrienne et russe : "On va vers une catastrophe humanitaire de grande ampleur"

© OMAR HAJ KADOUR / AFP
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Claudia Bertram, édité par Anaïs Huet , modifié à
La province syrienne d'Idleb a été la cible d'intenses raids aériens russes, samedi. Pour le médecin humanitaire Raphaël Pitti, une catastrophe humanitaire se profile.
TÉMOIGNAGE

La province d'Idleb, bastion de résistance au régime de Bachar al-Assad dans une Syrie toujours en guerre, a été massivement bombardée par la Russie, samedi. Ces frappes interviennent alors que Moscou et Damas menacent de lancer une opération d'envergure après l'échec de discussions vendredi, en vue d'une sortie de crise. 

Une population déjà "sous assistance". Pour Raphaël Pitti, médecin humanitaire urgentiste envoyé plusieurs fois en Syrie, interrogé dimanche sur Europe 1, "il y a tout à craindre pour cette population." "Avant 2011, il y avait 200.000 habitants à Idleb. Maintenant, il y a environ 2 à 2,5 millions d'habitants dans la ville et sa périphérie. Ce sont essentiellement des personnes déplacées qui ont fui les combats à Alep et la Ghouta. Cette population vit dans les écoles, dans les mosquées, sous tentes… C'est une population en assistance alimentaire et sanitaire", décrit l'urgentiste français. Il prévient : "Si les combats sont intenses et violents, il n'y aura plus aucune ONG qui pénétrera en Syrie pour venir les approvisionner."

La fuite des soignants. Raphaël Pitti s'attend également à ce que les blessés ne puissent être soignés correctement, du fait des bombardements. "Comme les hôpitaux sont toujours systématiquement détruits, beaucoup de personnels soignants vont faire défaut, parce qu'ils seront partis avec leur famille. On va vers une catastrophe humanitaire de grande ampleur", s'alarme-t-il.

Vers une nouvelle crise migratoire ? Dès lors, le médecin s'attend à voir une vague massive de migrants en Europe et au Moyen-Orient, comme il y a deux ans. "Beaucoup essaient déjà de fuir. Ils ont commencé leur migration vers les zones qui sont entre les mains des Turcs, y compris à Afrine. Plus de deux millions de personnes vont donc essayer de partir, quitte à ce que nous ayons la même crise migratoire qu'en 2016."