Hongrie : des patrouilleurs anti-migrants à la frontière

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Europe 1

Alors que la Hongrie s’apprête à construire un mur anti-migrants, des gardes champêtres patrouillent désormais à la frontière avec la Serbie pour repousser les migrants. 

Mercredi, le gouvernement hongrois optait pour la manière forte face à l’afflux de migrants en provenance de la Serbie. Le ministre des Affaires étrangères annonçait la fermeture de sa frontière avec Belgrade ainsi que la construction d'un mur de quatre mètres de haut sur les 175 km de frontière qui sépare les deux pays. Mais ce projet n’est pas le seul mis en oeuvre par Budapest. Des gardes champêtres armés patrouillent désormais pour faire la chasse aux migrants, comme l'a constaté l'envoyé spécial d'Europe 1. 

De simples agents communaux. Un jeune Afghan, de 13 ans, qui s’approche vers ces hommes en fait ainsi les frais. Il leur demande d’appeler un autobus. Réponse cinglante : "Pourquoi ? Allez, recule. Pourquoi vous ne restez pas chez vous ?" Carrures imposantes et pistolet neuf millimètres à la ceintures, ils ne sont pourtant ni policiers ni militaires. Ce sont de simples agents communaux mais dont la tache est bien précise : traquer les groupes de migrants sur la route et les empêcher de passer par la Hongrie. 

"Ce n’est plus tenable". Les agents communaux font du zèle et appellent la police. Leur objectif est clair : ils ne veulent aucun migrant. "Il en arrive ici, entre 400 et 500 par jour", explique l’un d’entre eux. "Ce n’est plus tenable. Si on ferme cette partie de la frontière, ils passeront par la Roumanie ou la Croatie", ajoute-t-il. "Moi, je suis pour que l’on mette des clôtures là-bas aussi et que l’on surveille tout ça beaucoup plus fermement".

"Qu’ils pensent aussi à nous". A l’arrière du groupe de migrants, on tombe sur Franck et Wilfrid. Ils sont Ivoiriens et marchent depuis 15 jours. Après avoir traversé la Grèce et la Macédoine où ils disent avoir été rançonnés, ils sont arrivés dans l'espace Schengen. Ils viennent d’apprendre qu’il y aura bientôt ici une clôture. "Ce mur qui est là, on ne pourra plus le forcer", note le premier. "Nous sommes obligés de rester là où nous sommes mais qu’ils pensent aussi à la misère de l’autre côté de la barrière, qu’ils pensent aussi à nous", plaide-t-il. Son camarade ajoute : "Si ça allait bien au pays, chacun serait resté là-bas, vous voyez".

Ils savent qu’ils ont toutes les chances d’être expulsés. Sur le chemin, ils ont croisés ce message du gouvernement, un avertissement limpide : "Migrant, respecte nos lois, ne vole pas le travail des Hongrois".