Inde : la vente des Rafale plus difficile que prévu

François Hollande et Narendra Modi, en 2013.
François Hollande et Narendra Modi, en 2013. © BERTRAND GUAY / AFP
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David Doukhan avec B.B
NÉGOCIATIONS - François Hollande se rend en Inde dimanche et espère en repartir avec des contrats signés. Mais les discussions sont au point mort.

François Hollande va endosser son plus beau costume de VRP. Dimanche, le président français sera en effet en Inde pour trois jours. Il sera accueilli à l'aéroport de Chandigarh par le Premier ministre indien, Narendra Modi. Son objectif : concrétiser la vente de chasseurs français Rafale. En avril 2015, au cours d'une rencontre avec François Hollande à Paris, le même Narendra Modi avait en effet annoncé une commande de 36 appareils. Mais depuis, rien n'a été signé.

Des négociations au point mort. Selon nos informations en effet, les négociations sont dans une mauvaise passe. "Ils nous l'ont fait à l'indienne", confie même un ministre habitué des grandes discussions internationales. "Quand les Indiens disent qu'ils veulent acheter, il faut en fait comprendre que le processus de décision ne fait que commencer." Les points de crispation sont innombrables, et vont du service après-vente aux prêts bancaires en passant par l'entretien et l'assurance. Surtout, alors que l'Inde s'était engagée à acheter 36 avions construits en France, ils ont finalement demandé ces derniers mois à ce qu'une partie de la construction soit faite chez eux. Ce qui n'arrange pas du tout Paris, qui craint la perte d'emplois et le transfert de technologies. Enfin, le dernier point de blocage est le prix. L'Inde et la France s'étaient accordé sur 180 millions par chasseur, mais New Delhi trouve désormais que c'est trop cher.

"La visite du président sera l'occasion de faire un point sur ce dossier". Du côté du ministère de la Défense, on assure pourtant que les discussions "progressent bien", concédant cependant qu'"elles sont intenses". La venue de François Hollande permettrait de mettre la pression sur l'Inde. "Une visite comme celle-là peut être l'occasion d'avancer raisonnablement sur la voie d'un accord", confirme une source diplomatique française. De là à imaginer que le chef de l'Etat reviendra à Paris avec un gros chèque en poche - on parle d'un contrat de plus de cinq milliards d'euros -, il n'y a qu'un pas, que le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, n'est pas très loin de franchir : "j'espère que cela pourra se faire (...) Ce n'est pas exclu, mais ce n'est pas acté", avait-il dit sur BFMTV. L'absence de signature serait un affront et un coup sévère porté aux relations entre Paris et New Delhi.

Un travail de longue haleine. Il faut dire que le président français mouille la chemise dans ce dossier, alors que le groupe aéronautique français Dassault, qui fabrique les Rafale, a mis des années avant de réussir à vendre ses appareils à l'export. La semaine dernière, François Hollande a ainsi reçu Ajit Doval, conseiller indien à la sécurité nationale et représentant personnel de Narendra Modi pour le dialogue stratégique. Et il s'était déjà rendu en Inde en février 2013, accompagné de chefs d'entreprise français, avec déjà en ligne de mire la vente de Rafale. Des efforts récompensés trois ans plus tard ?