États-Unis : Hillary Clinton "a un boulevard devant elle"

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Thomas Sotto avec , modifié à
3 QUESTIONS À - François Clémenceau, journaliste au JDD et auteur d'un livre sur Hillary Clinton, donne les clés de la campagne qui attend l'ex-First lady.

Hillary Clinton se lance dans la bataille pour la présidentielle américaine. L'ancienne secrétaire d'Etat américaine a officialisé sa candidature dimanche dans une vidéo publiée sur son site internet. Le plus dur reste désormais à faire pour ce mastodonte de la politique. François Clémenceau, journaliste au Journal du Dimanche et auteur de Hillary Clinton de A à Z donne les clés de la campagne qui attend l'ex-Première dame.

Les primaires démocrates démarreront en janvier 2016 et l'élection présidentielle sera en novembre. Pourquoi officialiser sa candidature aussi tôt ?

"Elle aurait pu partir beaucoup plus tôt. Lors de la campagne de 2008, elle était partie en campagne au mois de janvier. Nous sommes aujourd'hui en avril. Elle a essayé de grignoter un peu de temps parce qu'elle a 67 ans, elle a une campagne rugueuse, difficile et tendue. Elle a essayé d'attendre le dernier moment où elle pouvait se présenter.

Pourquoi se présenter si tôt malgré tout ? On est à neuf mois des primaires. Il faut commencer à récolter des fonds et les candidats ne peuvent le faire que lorsqu'ils sont candidats officiels. Comme il est prévu de doubler les budgets de campagne par rapport à 2008, il faut se lever de bonne heure. On parle de 2 milliards de dollars."

A-t-elle ses chances pour obtenir l'investiture du parti démocrate ?

"A ce stade, elle a un boulevard devant elle. Elle n'a personne en face. Mais il peut y avoir des surprises, des coups de théâtre. D'ici le mois de septembre-octobre, il peut très bien y avoir un candidat surprise. Certes, pas un nouvel Obama, mais quelqu'un qui peut émerger. Le match n'est pas plié, encore. A l'époque où elle quittait son poste de chef de la diplomatie américaine, elle était la reine des sondages à 67% d'opinions positives. Mais cette popularité s'érode, elle n'est plus qu'à 48 %. Comme on dit aux Etats-Unis, "Hate it or love it". Les gens la haïssent ou l'adorent."

Le camp républicain va s'en prendre violemment à Hillary Clinton. La candidate aura-t-elle les épaules pour y faire face ?

"Les républicains vont être impitoyables et pas uniquement sur l'affaire de Benghazi (l'attaque terroriste contre le consulat américain en Libye dans laquelle l'ambassadeur de Washington était mort, ndlr.). Ils ont tout intérêt à la démolir pour récupérer la Maison-Blanche.

Mais cela fait 40 ans que Hillary Clinton vit ça et c'est d'ailleurs un reproche qui lui est fait, de s'être forgée une carapace épaisse pour résister aux attaques. On ne lui trouve plus assez de sincérité, d'authenticité, d'humanité. A l'époque de sa candidature de 2008, la campagne était tellement dure et frontale contre Obama qu'on l'avait vue pleurer lors d'un meeting dans le New Hampshire. Elle avait dit que "oui, ça arrive". Ce geste avait fonctionné !

Désormais Hillary Clinton n'a plus rien à perdre. Pendant quatre ans au département d'Etat, elle a essayé de se protéger, d'être fidèle, d'être prudente. Elle ne voulait prendre aucun risque. Là, elle se dit que le champ est ouvert."

>> Réécoutez l'interview intégrale de François Clémenceau sur la candidature de Hillary Clinton :

"Hillary Clinton, les gens la haïssent ou l'adore"par Europe1fr

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