Etats-Unis : les libertariens peuvent-ils faire basculer l'élection présidentielle ?

Le libertarien Gary Johnson a été investi, le week-end dernier par son parti, pour l’élection présidentielle américaine du 8 novembre prochain.
Le libertarien Gary Johnson a été investi, le week-end dernier par son parti, pour l’élection présidentielle américaine du 8 novembre prochain. © Nicholas KAMM / AFP
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Gary Johnson, le candidat du parti libertarien, pourrait influer sur le scrutin du 8 novembre prochain.

Il est officiellement candidat. Le libertarien Gary Johnson a été investi, le week-end dernier par son parti, pour l’élection présidentielle américaine du 8 novembre prochain. Un parti minoritaire, mais qui pourrait peser cette année dans le scrutin.

"C’est un parti à la fois très à droite et très à gauche"

C’est un courant petit, mais vivace. Et cette année, le parti libertarien pourrait bien se démarquer. Ce mouvement politique qui prône une réduction du rôle de l'Etat fédéral dans l'économie, est crédité de 10% des intentions de votes à l’élection présidentielle du 8 novembre prochain. Un score bien trop faible pour concurrencer les candidats démocrates et républicains, mais qui pourrait tout de même influer sur le score final.

"Les libertariens ont toujours été présents aux élections au 20e siècle", explique à Europe 1, Nicole Bacharan, spécialiste des Etats-Unis. "Ce parti est issu d’une tendance très ancrée dans les origines de la république américaine. Ses partisans ne veulent pas d’Etat, pas de gouvernement, pas d’armée, un minimum d’impôts, pas de régulation sur les armes, ni sur les drogues. C’est un parti à la fois très à droite et très à gauche", précise la spécialiste.

"Je suis le candidat tout-en-un"

C’est d’ailleurs ainsi que se présente leur leader Gary Johnson. "Je suis le candidat tout-en-un", avait-il expliqué début mai, précisant qu’il se situait à gauche de Clinton sur les questions de société et à droite de bon nombre de républicains sur les questions économiques.
 
 Un positionnement qui rend difficile toute projection pour le scrutin de novembre. Pour Nicole Bacharan, ce petit parti rassemblera les déçus du scrutin. "Ce parti puise à la fois dans les idées de droite et dans les idées de gauche. Donc, ceux qui ne trouvent pas leur compte ni chez les démocrates, ni chez les républicains, pourraient se tourner vers les ‘Libertarians’".

Les libertariens, l’alternative à l’establishment

Face à l’indécision de beaucoup d’Américains qui ne sont prêts à voter ni pour Donald Trump, ni pour Hillary Clinton, les Libertariens seraient donc une bonne alternative.  "Il y a un créneau pour ce parti cette année, car nous n’avons jamais eu deux candidats aussi impopulaires", souligne la spécialiste des Etats-Unis.

Ce qui intéresse désormais les experts à cinq mois du scrutin, c’est le poids de ce troisième parti dans l’élection. "Traditionnellement, le candidat du troisième parti fait élire le candidat du parti le plus éloigné de lui, puisqu’il prend des voix à celui dont il est le plus proche", explique Nicole Bacharan. Mais les experts ne savent pas de qui Gary Johnson se rapproche le plus. "C’est toute la question du moment", avoue la spécialiste, reconnaissant un suspense supplémentaire dans cette élection.

Un leader peu charismatique

Mais avant de créditer les Libertariens de quelque influence, il faudra attendre de voir si le parti atteint les 15% d’intention de votes. C’est le score nécessaire pour être autorisé à participer aux trois gros débats présidentiels qui précéderont l’élection de novembre.
 
 Un score que le parti pourrait atteindre avec quelques efforts. Mais rien n’est joué pour le moment, d’autant que les Libertariens sont portés par une figure peu charismatique. "Gary Johnson est l’ancien gouverneur du Nouveau-Mexique, mais il n’est plus dans les affaires depuis quelque temps", souligne Nicole Bacharan. En 2012 il avait récupéré 1% des votes. La dernière fois qu'un candidat tiers a participé aux débats présidentiels c'était en 1992, avec le milliardaire Ross Perot en indépendant.

 

Présidentielle américaine : des critères contraignants

Pour pouvoir participer aux trois débats, les Libertariens devront être inscrits dans chacun des 50 Etats, selon des procédures différentes, ce qu'historiquement peu de partis tiers ont eu les moyens de faire.

En 2012, Gary Johnson était présent sur les bulletins de vote de 48 des 50 Etats, mais le parti vise cette année les 50.