États-Unis : les Haïtiens, réfugiés après le séisme de 2010, perdent leur statut spécial

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La situation en Haïti a été considérée comme largement améliorée par les autorités américaines © HECTOR RETAMAL / AFP
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avec AFP , modifié à
Quelque 58.700 Haïtiens bénéficiant d'un statut spécial leur permettant de vivre et de travailler légalement aux États-Unis depuis le séisme de 2010 vont le voir être supprimé.

La suppression d'un statut spécial accordé aux Haïtiens résidant illégalement aux États-Unis depuis le tremblement de terre de 2010 a été annoncée lundi. Les autorités américaines estiment que la situation dans le pays le plus pauvre des Caraïbes ne justifie plus cette protection.

Un statut supprimé à partir de juillet 2019. Après avoir "passé en revue les conditions dans lesquelles le pays avait initialement obtenu" ce Statut de Protection Temporaire (TPS), la ministre par intérim de la Sécurité intérieure (DHS) Elaine Duke a établi que ces "conditions extraordinaires, mais temporaires (...) n'existaient plus", a expliqué le DHS dans un communiqué.

"Depuis le tremblement de terre de 2010, le nombre de personnes déplacées en Haïti a diminué de 97%. Des mesures importantes ont été prises pour améliorer la stabilité et la qualité de vie des citoyens haïtiens", détaille le DHS expliquant qu'à compter du 22 juillet 2019 le statut de protection temporaire ne serait plus valable.

Une fuite vers le Canada. Ce statut permettait aux Haïtiens de rester sur le sol américain après l'expiration de leurs visas et de travailler légalement. Le délai de dix-huit mois "permettra aux personnes bénéficiant du TPS d'organiser leur départ ou de réclamer, si elles y sont éligibles, un statut migratoire légal. Cela donne aussi à Haïti le temps de préparer le retour et la réintégration de ses citoyens", a estimé le ministère.

La suppression du TPS, dont bénéficient quelque 58.700 Haïtiens selon les autorités américaines, était pressentie depuis plusieurs mois. Durant l'été, des milliers de migrants ont franchi la frontière avec le Canada pour y demander l'asile. Au plus fort de la vague d'arrivées en juillet et en août, des centaines de requérants du statut de réfugié au Canada traversaient ainsi quotidiennement la frontière à travers des zones boisées pour éviter les points de contrôle officiels.

Face à cet afflux soudain, le gouvernement fédéral canadien avait renforcé ses effectifs aux frontières et construit des abris temporaires pour soulager les centres d'hébergement. Début août, la ville de Montréal avait même ouvert les portes de son stade olympique pour accueillir les centaines de nouveaux venus.

"Une honte". La décision annoncée lundi par le ministère américain a outré Steve Forester, de l'Institut pour la justice et la démocratie à Haïti, basé à Miami, où réside une importante communauté haïtienne. "C'est une honte. C'est complètement inapproprié compte tenu des conditions en Haïti. C'est un triomphe de l'idéologie sur les faits", a-t-il regretté. "Cela va déstabiliser Haïti et c'est mauvais pour les États-Unis."

Plus de 300.000 migrants concernés. Les ressortissants de plusieurs autres pays (Honduras, Nicaragua, Salvador) bénéficient également du TPS aux États-Unis depuis le passage de l'ouragan Mitch en 1998 et devraient eux aussi voir leur statut bientôt supprimé. Au total, Rex Tillerson a estimé que plus de 300.000 migrants d'Haïti et d'Amérique centrale ne devraient plus bénéficier de ce statut spécial, ouvrant ainsi la porte à leur expulsion.