Entre la Californie et Trump, la guerre écologique est déclarée

La Californie va entamer un bras de fer avec Trump à propos de l'écologie.
La Californie va entamer un bras de fer avec Trump à propos de l'écologie. © ROBYN BECK / AFP
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avec AFP , modifié à
La Californie a décidé d'aller encore plus loin en ce qui concerne l'écologie, alors que Donald Trump vient de signer un décret revenant sur des mesures d'Obama luttant contre le réchauffement climatique.

Les irréductibles progressistes de Californie ont déterré la hache de guerre face à l'administration Trump pour défendre leur législation à l'avant-garde du combat écologique aux Etats-Unis et qu'ils estiment cruciale pour contrôler le fléau du brouillard de pollution (smog).

Trump revient sur le "Clean power plan". Le président américain Donald Trump a signé un décret mardi pour revenir sur le "Clean Power Plan", mesure phare de l'administration Obama pour lutter contre le réchauffement climatique, affirmant qu'il veut stimuler l'emploi dans le secteur énergétique et en particulier dans le charbon, l'énergie la plus polluante.

Il a ordonné il y a quelques jours à l'agence de protection de l'Environnement (EPA) de réexaminer la législation fédérale sur les émissions de gaz à effet de serre, notamment dans l'automobile, inspirée des lois californiennes.

La Californie veut aller encore plus loin sur l'écologie. Les autorités du grand Etat de l'ouest américain, le plus peuplé du pays et bastion démocrate, ont répliqué avec défiance, réaffirmant leur intention de pousser encore plus loin leurs limites d'émissions polluantes.

Le gouverneur Jerry Brown s'est insurgé dans une lettre au directeur de l'EPA Scott Pruitt contre "un cadeau inconscient du président Trump aux pollueurs" et a averti que la Californie ferait "tout pour préserver ses normes actuelles, protéger la santé de son peuple et la stabilité de son climat". Il a aussi fustigé le lobby automobile, l'Alliance of Automobile Manufacturers, pour avoir porté plainte contre l'EPA afin de contester les normes édictées par l'administration Obama: "vous trahissez votre promesse au peuple américain".

Los Angeles a l'air le plus malsain des grandes villes américaines. La Californie a mis des décennies à assainir un air vicié par son gigantesque parc automobile, en particulier dans la métropole de Los Angeles, où il reste le plus malsain de toutes les grandes villes américaines. Le maire de Los Angeles Eric Garcetti a lui aussi déploré mardi le décret du président Trump.

"Quoi qu'il se passe à Washington, nous travaillerons pour (...) réduire les émissions de gaz à effet de serre de 80% d'ici 2050 et nous diriger vers des transports à zéro émission", a-t-il insisté.

Dérogation écologique pour la Californie. Les normes américaines de pollution de l'air sont fixées par le gouvernement fédéral, mais la Californie, vu son grave problème de smog, a obtenu dans le cadre de la loi de 1970 sur la propreté de l'Air (Clean Air Act) une dérogation pour adopter des critères plus stricts.

Même si l'industrie automobile a traîné des pieds tout du long, la Californie dispose à présent de près de la moitié des véhicules verts du pays, grâce à un mélange d'incitations et de réglementations contraignantes.

Le modèle californien essaime. L'EPA a jusqu'à présent toujours octroyé sa dérogation à la Californie, parfois à l'issue d'un bras de fer comme à la fin de l'administration Bush. Une dizaine d'Etats ont imité ses normes ambitieuses avant que l'administration Obama les généralise au niveau fédéral.

Le gouvernement Trump veut revenir sur cette décision, mais reste à savoir comment. Il pourrait annuler la législation fédérale sans contester le droit de la Californie et celui des Etats qui l'ont imitée... Ou décréter qu'ils doivent se ranger à la loi de Washington, ce qui mènerait à une féroce bataille judiciaire. "Une troisième option, celle que nous redoutons le plus, serait de révoquer le Clean Air Act", souligne Stanley Young, porte-parole du Conseil californien des ressources en air (Carb).

Le patron de l'agence environnementale américaine nie le réchauffement climatique. Et le fait que Scott Pruitt, le nouveau patron de l'EPA (Environnemental protection agency), nie la réalité du changement climatique ? "Cela ne change ni la science ni la loi", réplique Stanley Young, assurant que "la Cour Suprême américaine a pris une décision en 2007 affirmant que les gaz à effet de serre dont le CO2 sont des polluants qui peuvent légitimement être contrôlés dans le cadre du Clean Air Act".

Stanley Young ne minimise toutefois pas la bataille à venir et le fait que Scott Pruitt soit "un avocat" qui a passé une partie de sa carrière de ministre de la Justice de l'Oklahoma à poursuivre l'EPA, et notamment à lutter contre le "Clean Power Plan" d'Obama: "Il sait exactement comment l'agence fonctionne et comment lui infliger le plus de dégâts possibles".