Enquête sur les abus sexuels : "L'Eglise n'est pas habituée à rendre des comptes"

Le pape François a ordonné une enquête interne.
Le pape François a ordonné une enquête interne. © MAX ROSSI / POOL / AFP
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Mélanie Nunes, édité par GM , modifié à
Le pape François a ordonné une enquête interne dans les archives du Vatican après les accusations sur les agissements du cardinal Theodore McCarrick.

C'est une première réponse du pape au "j'accuse" incendiaire d'un prélat italien retraité, ouvertement soutenu par une frange ultra-conservatrice de l'Eglise catholique. Cet ex-ambassadeur du Vatican à Washington, l'archevêque Carlo Maria Vigano, 77 ans, accuse dans une lettre le pape argentin d'avoir sciemment ignoré durant cinq années des signalements sur les agissements du cardinal Theodore McCarrick, présenté comme un prédateur sexuel notoire jetant son dévolu sur des jeunes séminaristes et prêtres.

Le bureau de presse du Saint-Siège a publié samedi un communiqué relatif à l’affaire McCarrick. Le pape François a également ordonné une enquête interne dans les archives.

Des archives qui seront étudiées. Pour la première fois, c’est le pape François qui a décidé de cette enquête interne en se disant "conscient et préoccupé", selon les mots du communiqué publié samedi. Pour faire la lumière sur le sujet, le pape nommera lui-même un représentant sur le sujet et fera ressortir des archives jusque là encore inexploitées pour comprendre comment l’ancien cardinal de Washington a pu agresser sexuellement des mineurs pendant des années, sans que rien ne soit fait par sa hiérarchie.

"L'Eglise n'est pas habituée à rendre des comptes". "L'Eglise n'est pas habituée à avoir un fonctionnement avec des contre-pouvoirs, elle n'est pas habituée à rendre des comptes", explique Jean-Pierre Denis, journaliste à La Vie, qui note un tournant majeur avec cette décision. "C'est une mission qui va mettre en cause un certain nombre de personnes qui, soient sont encore aux responsabilités, soient y étaient récemment. En décidant cela, le pape reprend la main", salue-t-il. Pour le pape François, le silence sur ce type d'agissements "ne peut plus être toléré" dans l'Eglise.

Les associations attendent des actes. Mais au-delà des mots, les associations attendent désormais des actes. "Ce n'est pas l'Eglise qui change, c'est le monde qui change et qui se réveille. A chaque fois que ça avance, c'est que le pape y est contraint", regrette François Devaux, cofondateur de l'association "La parole libérée" qui vient en aide aux victimes de prêtres. Confronté à cette crise douloureuse, le pape François a convoqué à Rome les présidents des conférences épiscopales du monde entier, en février prochain.