Elles filment Raqqa, la "capitale" de l’organisation Etat islamique

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Deux habitantes de Raqqa ont déambulé dans la ville, avec des caméras cachées sous leur voile, pour montrer l’horreur de leur quotidien sous la loi de Daech.

Elles ont utilisé des caméras cachées sous leur niqab. Deux habitantes de Raqqa, en Syrie, ont filmé les rues de leur ville, montrant un quotidien bercé par la violence depuis l’arrivée de l’organisation Etat islamique (EI) en août 2014. C’est le tabloïd suédois Expressen qui a diffusé, mardi, ce document vidéo inédit de 13 minutes, sur son site internet.

Om Omran et Om Mohammad ont filmé pendant plusieurs semaines la vie au quotidien dans la "capitale"autoproclamée de l’EI. Voix déformées, visages floutés et noms d’emprunt : les deux jeunes femmes n’ont voulu prendre aucun risque. Si leur identité venait à être découverte, elles seraient automatiquement tuées par les hommes de Daech.

" C’est le gouverneur qui lance la première pierre, puis tous les autres suivent "

La vidéo montre une ville où le port d’arme paraît presque banal, tout comme les exécutions publiques. A aucun moment, le visage d’une femme ne sera montré, pas même sur les emballages de colorations pour cheveux où les photos ont été couvertes au marqueur noir.

Les deux habitantes commentent les images qu’elles ont tournées en soulignant la terreur qui les envahit au quotidien. La peur d’être arrêtée sans en connaître la raison, puis lapidée. "C’est le gouverneur qui lance la première pierre, puis tous les autres suivent", raconte Om Omran.

La "visite" se poursuit ensuite dans un quartier luxueux. "C’est là que les combattants étrangers sont installés", confie l’une des deux reporters. "Ce sont des combattants de tous les pays : Afghanistan, Arabie saoudite, Tunisie, mais de France aussi", commente-elle. Mais depuis plusieurs semaines, les raids se sont intensifiés sur le fief de l’EI. "Les combattants étrangers de Daech ont érigé des check-points, comme cela ils peuvent demander aux habitants leurs papiers d’identité", raconte Om Omran. "Vous voulez savoir pourquoi ? Simplement pour leur confisquer et les utiliser ensuite pour s’envoler vers la Turquie".