Elections au Royaume-Uni : David Cameron grand vainqueur

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David et Samantha Cameron © LEON NEAL / AFP
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et J.R. avec agences , modifié à
ELECTIONS - Le parti conservateur obtient la majorité absolue à la Chambre des communes. Les trois dirigeants des partis adverses ont présenté leur démission.

La nuit fut courte outre-Manche. Travaillistes, conservateurs mais aussi indépendantistes écossais ont scruté tous les résultats des bureaux de vote du pays avec attention. Alors que les sondages avant le scrutin prédisaient un vote très serré, le Parti conservateur arrive largement devant le Labour et obtient même une inespérée majorité absolue. Les trois dirigeants des principaux partis adverses ont présenté leur démission.

L'ESSENTIEL

  • Les Conservateurs obtiennent 331 députés, soit la majorité absolue, selon les résultats définits.
  • David Cameron devrait conserver son poste de Premier ministre. 
  • Le Labour perd des sièges par rapport aux précédents élections. Le Parti national écossais triomphe dans sa région. A l'inverse, l'eurosceptique Ukip séduit peu.
  • Les patrons du Labour, Ed Miliband, des Lib-Dem, Nick Clegg, et du Ukip, Nigel Farage, ont annoncé leur démission.

Une rencontre avec Her Majesty. Assuré de rempiler pour un second mandat de cinq ans, David Cameron a rencontré la reine Elizabeth vendredi à 13h30 (heure française). L'audience a permis à Cameron d'officialiser sa réélection et recueillir l'assentiment de la reine en vue de constituer un nouveau gouvernement, une formalité requise dans le pays. Il a ensuite regagné le 10, Downing Street, tout sourire aux bras de son épouse Samantha, au premier jour de son second mandat. 

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Majorité absolue pour les Tories. Les sondages avant le scrutin annonçaient un vote très serré. Finalement, les conservateurs réalisent une poussée aussi inattendue que spectaculaire tandis que le Labour perd des sièges. Les résultats définitifs après dépouillement des 650 circonscriptions allouent 331 députés aux conservateurs, soit un gain de 24 sièges par rapport aux précédentes élections, en 2010. Les conservateurs obtiennent donc la majorité absolue, dont la barre est fixée à 326 sièges. 

Une "nuit très décevante" pour les travaillistes... Le chef des travaillistes Ed Miliband a reconnu vendredi matin la défaite de son parti et a présenté sa démission. Avec 232 députés élus, les travaillistes perdent 26 sièges par rapport à 2010. Ed Miliband a admis que la nuit avait été "très décevante et difficile pour le Labour". "Le prochain gouvernement a l'énorme responsabilité (..) de faire face à la tâche particulièrement difficile de garder le pays uni", a-t-il ajouté.

Ed Miliband a annoncé sa démission à la mi-journée. "Ce n'est pas le discours que je voulais prononcer", a-t-il dit en introduction de son allocution devant la presse et de nombreux partisans, avant d'assumer l'"entière responsabilité de la défaite"". "Il est temps qu'un nouveau leader prenne le relais", a-t-il dit.

... et une "bonne nuit" pour les conservateurs. David Cameron a pris la parole peu après son adversaire. "Ça a été une très bonne nuit pour le parti conservateur. Il y a eu une réponse positive à notre campagne qui a été positive", s'est-il réjoui. "Je veux gouverner pour tout le monde. Je veux rassembler le Royaume-Uni en mettant en oeuvre la décentralisation pour l'Ecosse dès maintenant", a promis David Cameron.

Percée spectaculaire des indépendantistes écossais. En Ecosse, les nationalistes du SNP réalisent un raz-de-marée de nature à galvaniser leurs ardeurs indépendantistes. Ils raflent 56 des 59 sièges en jeu en Ecosse lors des élections législatives britanniques de jeudi, multipliant par plus de neuf le nombre de leurs députés par rapport à 2010. "Félicitations à nos 56 députés et merci à tous ceux qui ont placé leur confiance dans le SNP", a tweeté le parti à l'issue du dépouillement de la 59e et dernière circonscription de la région. 

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Les Lib-Dem s'effondrent. Un politologue de la London School of Economics a déjà qualifié Nick Clegg de "fini". Le patron des libéraux-démocrates apparait en effet comme l'un des grands perdants de cette élection. Alors qu'il n'est parvenu à sauver sa tête dans sa circonscription de Sheffield Hallam, au nord de l'Angleterre, qu'in extremis, les Lib-Dem ne sont crédités que de 8 sièges, bien loin des 56 dont ils disposaient pendant les cinq dernières années. Nick Clegg s'est désolé d'"une nuit cruelle et punitive pour les Libéraux-démocrates". Il a annoncé sa démission à la mi-journée :  "J'ai toujours pensé que cette élection serait incroyablement difficile. Les résultats ont été infiniment plus dévastateurs que je n'aurai jamais cru", a reconnu Nick Clegg. "C'est le coup le plus dur depuis que le parti a été fondé (en 1988)", a-t-il ajouté.

L'échec du Ukip. Le parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP), qui prône la sortie du pays de l'Union européenne, se contente d'un seul siège, en dépit des 14% d'intentions de vote que lui accordaient les sondages avant le scrutin. Et son leader, Nigel Farage, a même été battu dans la circonscription. Il a logiquement démissionné de la tête du mouvement, comme il l'avait promis. Néanmoins, Nigel Farage n'a pas exclu de la briguer de nouveau : "Il y aura une élection pour choisir le prochain leader de l'UKIP en septembre et j'envisagerai pendant l'été de présenter ma candidature pour exercer ce nouveau ces fonctions", a-t-il déclaré à la presse.

La presse avait anticipé la victoire de Cameron. La presse britannique, majoritairement de droite, avait anticipé une victoire du Premier ministre sortant. "Maintenant donne-nous un vote sur l'UE", titrait ainsi en Une le Daily Express en référence à la promesse de David Cameron d'organiser, dans le cas où il serait réélu, un référendum sur le maintien ou la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne d'ici fin 2017. "Cameron va rester au pouvoir, selon le sondage de sortie des urnes", écrivait sobrement le quotidien conservateur The Daily Telegraph, au-dessus d'une photo du Premier ministre souriant. Même approche pour le Daily Mail et le Times, le premier se contentant d'un Cameron "de retour au numéro 10" quant le second titrait de façon factuelle : "Les tories sortent en tête" avec une photo de David Cameron et sa femme, à la sortie du bureau de vote.

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Le tabloïd The Sun, le journal le plus lu au Royaume-Uni, avait fait le choix d'une photo du couple Cameron à la sortie des urnes, sous le titre "Swinging the Blues", un jeu de mots en référence à la couleur bleue des conservateurs et au fait que les tories ont finalement mené la danse dans cette élection. En grande forme, le tabloïd qui n'a pas ménagé ses efforts pour soutenir Cameron, jouait encore sur les mots en titrant un article "Keep Cam (surnom de Cameron) and carry on", en référence à la maxime britannique "Keep Calm and Carry On" (restez calme et continuez).

La Une du Daily Mirror, rare quotidien de gauche, avait choisi quant à elle la couleur du deuil à l'exception d'un titre aux allures de sentence: "Elections générales 2015. Condamnés, à nouveau.... Cinq foutues années supplémentaires". Le Guardian, également de gauche, s'attardait, lui, sur "le sondage calamiteux pour le Labour" auquel aucun des camps ne s'attendait. Une ligne également adoptée par The Independent qui évoquait aussi un "chaos" informatique qui aurait empêché "des centaines" d'électeurs de voter.