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Gwendoline Debono avec CC , modifié à
"Sky News" affirme avoir mis la main sur les noms de 22.000 djihadistes de l'Etat islamique. Mais de nombreux experts émettent des réserves sur ce scoop.

La chaîne d'information britannique Sky News a affirmé mercredi avoir mis la main sur des documents contenant les noms de 22.000 membres de l'organisation Etat islamique (EI), une fuite potentiellement dévastatrice pour le groupe djihadiste. Plusieurs experts émettent néanmoins des réserves sur ce "scoop".

Que trouve-t-on dans cette liste dévoilée par Sky News ? La chaîne britannique dit avoir récupéré une série de formulaires de 23 questions soumis aux nouveaux membres de l'Etat islamique lorsqu'ils arrivent en Irak ou en Syrie. Remplis par des ressortissants de plus de 50 pays, ces documents contiendraient les noms, les numéros de téléphone ou encore le groupe sanguin des recrues. Selon Sky News, ils permettraient donc d'identifier 22.000 membres de l'Etat islamique. 

Pourquoi plusieurs spécialistes doutent de ce scoop ? Il y a beaucoup d'incohérences dans ce que présente Sky News. Ce que montre la chaîne est parfois difficilement crédible : on découvre des termes jamais employés auparavant par l'Etat islamique, on trouve des sigles qui ne sont jamais apposés sur les documents de l'organisation. Enfin, la chaîne montre des fichiers informatisés qui ont peu de chances de se retrouver par milliers sur l'ordinateur d'un chef de police locale. 

L'interview de l'homme qui a livré ces fichiers est troublante. C'est un ex-membre de l'EI, désabusé, qui a remis à la chaîne britannique une clé USB contenant les fichiers. Il se présente comme un repenti de l'Etat islamique mais est, malgré le danger, assez facilement reconnaissable face caméra. Il dit que tous les djihadistes ont quitté leur QG de Raqqa, ce qui également loin d'être avéré. Pour ces raisons, il faut être très prudent avec ces documents. 

Gare aux fausses informations vendues à la frontière syrienne. Ces fichiers ont été récupérés par Sky News en Turquie, à la frontière syrienne. Or, sur place, de nombreux groupes essayent de vendre de fausses informations, de diffuser des intox. Il faut donc bien avoir à l'esprit que la guerre qui se joue en Syrie et en Irak est une guerre psychologique. Et qui dit guerre psychologique, dit guerre de propagande.