Berlin aurait espionné l’Elysée et le quai d’Orsay pour la NSA

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avec AFP
Les services de renseignement allemands auraient espionné des "hauts fonctionnaires" français pour le compte de la NSA. 

En Allemagne, les révélations se succèdent et embarrassent à chaque fois un peu plus le gouvernement. Le BND, les services de renseignement allemands, aurait espionné des "hauts fonctionnaires" français et de la Commission européenne pour le compte de l'agence nationale de sécurité (NSA) américaine, selon le Süddeutsche Zeitung. De quoi écorner un peu l’image d’Angela Merkel, qui s’est toujours posée en victime de ses alliés sur les questions d’espionnage.

L’Elysée et le quai d’Orsay espionnés ? D’après le quotidien de Munich, le BND a bien "aidé la NSA à faire de l’espionnage politique". Ces écoutes de "hauts fonctionnaires du ministère français des Affaires étrangères, du palais de l’Elysée et de la Commission européenne" auraient été réalisées depuis la station d’écoutes de Bad Aibling, en Bavière. 

Lundi, c’est le quotidien Bild qui révélait l’espionnage de firmes européennes par les services allemands. Le journal s’appuie sur un document qui montre la transmission d’informations aux services américains en 2008 et 2010. Ces documents feraient état de tentatives d’espionnage depuis 2005, visant EADS, devenu depuis Airbus, et Eurocopter, l’actuel Airbus Helicopters.

Mais à en croire le journal munichois, ces cas d’espionnage industriel sont forcément des "cas isolés", dans lesquels les Etats-Unis cherchaient à se renseigner sur des "exportations illégales". En revanche, "le cœur [du problème] est l’espionnage politique de nos voisins européens et des institutions de l’Union européenne", assène-t-il. 

"Coup sérieux porté à la confiance". En 2013, les révélations d’Edward Snowden sur la surveillance par la NSA des communications des Allemands, jusqu’au téléphone de la chancelière, avaient choqué le pays. Angela Merkel s’était même fendue d’un communiqué rageur, dans lequel elle affirmait qu’"entre des amis proches et des pays partenaires […], une telle surveillance d’un chef de gouvernement ne saurait exister". "Ce serait un coup sérieux porté à la confiance", concluait-elle alors, selon Le Monde

Ces mots résonnent étrangement après les dernières révélations, d’autant que, selon les médias, Thomas de Maiziere, actuel ministre de l’Intérieur et chef de la chancellerie à l’époque, ne pouvait pas ignorer les activités du BND. Acculé, il a proposé de s’expliquer, dès la semaine prochaine, devant la commission d’enquête parlementaire qui doit faire la lumière sur les pratiques de l’agence américaine. 

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