Australie : les parents pourront-ils bientôt choisir le sexe de leur enfant ?

© Philippe Huguen / AFP
  • Copié
C.P.-R. , modifié à
Garçon ou fille ? Les Australiens sont appelés à donner leur avis sur un texte qui pourrait offrir la possibilité aux parents de sélectionner le sexe de leur progéniture. Et ce, sans aucun motif médical.  

Manger des bananes dans l'espoir d'avoir un garçon ou s'abreuver de laitages pour donner naissance à une petite fille… Toutes ces astuces de grands-mères, à l'efficacité souvent douteuse, pourraient bientôt devenir totalement obsolètes, en Australie. Le Conseil national sur la santé et la recherche médicale (NHMRC) soumet en effet à la consultation des Australiens un projet de recommandations éthiques, qui offrirait notamment la possibilité, pour un couple normal – sans risque médical particulier ni souci de fertilité – de choisir le sexe de leur futur enfant, rapporte Le Monde.

Jusqu'à présent, un usage strictement médical. Ce rêve de nombreux parents est réalisable par le biais d'une fécondation in-vitro accompagnée d'un diagnostic préimplantatoire. Un diagnostic permettant de sélectionner les embryons fécondés in vitro avant qu'ils ne soient implantés dans l'utérus. Et donc, dans ce cas, d'isoler l'embryon du sexe désiré. Si cette procréation sélective est déjà effective, elle ne l'est pour l'instant que dans le cadre de raisons médicales - par exemple lorsque l'embryon risque d'hériter de certaines maladies génétiques graves.

Un rééquilibrage des familles ? Aujourd'hui, le NHMRC prend en compte l'évolution des attentes sociétales des Australiens, notamment l'essor du tourisme procréatif vers des pays – Thaïlande, Chypre ou États-Unis - où la sélection du sexe de l'enfant pour des motifs non médicaux est possible. Pour les défenseurs de la "sélection du sexe pour motifs non-médicaux", l'enjeu est aussi de permettre un rééquilibrage au sein des familles, dont certaines ont plusieurs enfants du même sexe.

Vers un enfant-objet ? Consciente des possibilités de dérives, l'instance met cependant en garde sur le risque d'un bébé sur commande, où les parents en viendraient petit à petit à concevoir un enfant à leur image, strictement calibré sur leurs critères.

Et en France ?

En France, on est encore loin de cet usage du diagnostic préimplantatoire, dont le champ d'application reste très circonscrit, notamment à des critères de "gravité" et d'"incurabilité". Dans son avis n°107 rendu en octobre 2009, le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) soulignait avec fermeté : " Le recours au DPI au motif que la qualité de la vie de la famille serait augmentée par la possibilité de choisir le sexe d’un futur enfant ("family balancing") n’est pas recevable. […] L’enfant est traité comme un objet qui obéit à la commande et à la programmation."

Les Australiens, eux, ont jusqu'à jeudi pour donner leur avis sur cette nouvelle possibilité de procréation assistée.