Allemagne : des historiens accusent le chef de l'AfD de paraphraser Hitler

Alexander Gauland, qui co-dirige aussi le groupe parlementaire Alternative pour l'Allemagne (AfD), a réfuté les accusations des deux historiens.
Alexander Gauland, qui co-dirige aussi le groupe parlementaire Alternative pour l'Allemagne (AfD), a réfuté les accusations des deux historiens. © Alexander Prautzsch / dpa / AFP
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avec AFP
Alexander Gauland est accusé par deux historiens d'avoir écrit dans une tribune des propos très ressemblants à un discours tenu par Hitler en 1933.

Le dirigeant du parti d'extrême droite allemand AfD, Alexander Gauland, a été accusé mercredi par des historiens de renom d'avoir paraphrasé un discours d'Adolf Hitler de 1933 pour dénoncer une "clique mondialisée" dans une tribune de presse. Alexander Gauland, qui co-dirige aussi le groupe parlementaire Alternative pour l'Allemagne (AfD), a réfuté ces accusations dans le quotidien Tagesspiegel, assurant : "je ne connais pas de passage correspondant d'Adolf Hitler".

Pour Gauland, la "clique mondialisée" donne "le 'la' politiquement". Deux historiens spécialistes du nazisme et de l'antisémitisme, Wolfgang Benz et Michael Wolffsohn, affirment que le responsable politique de 77 ans, qui a déjà été accusé de relativiser la période nazie, s'est inspiré d'un discours du Führer tenu fin 1933 devant des ouvriers à Berlin. Dans une tribune sur le populisme publiée le 6 octobre par le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), Alexander Gauland s'en est pris à une "clique mondialisée qui siège dans les entreprises internationales, les organisations comme l'ONU, dans les médias, les start-ups, les universités, les ONG, les fondations, dans les partis et ses appareils et qui parce qu'elle contrôle les informations, donne le 'la' culturellement et politiquement".

"Ses membres vivent presque exclusivement dans les grandes villes (...) et quand ils déménagent de Berlin à Londres ou Singapour pour changer de travail, ils trouvent partout les mêmes appartements, maisons, restaurants, magasins, écoles privées", avait-il poursuivi.

Chez Hitler, des propos similaires pour attaquer les juifs. Or en novembre 1933, Hitler avait dénoncé une "petite clique internationale déracinée qui attise la haine entre les peuples (...) Ce sont des gens (...) qui vivent aujourd'hui à Berlin, peuvent se retrouver demain à Bruxelles et après-demain à Paris et ensuite à Prague, ou Vienne ou Londres et qui se sentent partout chez eux". Le dictateur visait les juifs.

Une ressemblance "ostensible". Cette tribune "colle de près de manière ostensible (au discours) d'Hitler", a jugé l'historien Wolfgang Benz, dans le Tagesspiegel. Pour lui, cela donne l'impression que "le chef de l'AfD a posé sur son bureau le texte du discours du Führer de 1933 quand il a rédigé sa tribune pour la FAZ". Pour un autre expert, Michael Wolffsohn, "il est grave que Gauland signale à ses partisans cultivés qu'il connaît les discours et la plume de Hitler et qu'il transpose aujourd'hui sur les adversaires de l'AfD les reproches adressés par Hitler aux Juifs". Alexander Gauland avait déjà fait scandale en estimant au printemps que la période nazie n'avait été qu'une "fiente d'oiseau" dans l'histoire millénaire allemande.