Une historienne lance un appel pour retrouver son manuscrit volé dans le RER B

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C'est dans le RER B que l'historienne a été agressée et s'est vue dérober tout son travail universitaire. © AFP
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avec Sébastien Krebs , modifié à
L’historienne franco-chinoise Li Ma, agressée dans le RER B vendredi dernier, s’est fait dérober le matériel informatique renfermant son travail de chercheuse, dont un manuscrit à paraître.  

C’est un vol à l’arraché comme il en arrive tant d’autres qui s’est déroulé, vendredi dernier, dans le RER B. Sauf que le contenu du sac dérobé était loin d’être commun : clefs USB, ordinateur et disques durs sur lesquels étaient conservés le travail colossal de plusieurs années de recherche de Li Ma, historienne franco-chinoise, très connue en Chine.

D’autant que ce matériel informatique renfermait le texte de son ouvrage à paraître prochainement aux éditions du CNRS, La Chine et la Grande Guerre. "C’est catastrophique. Le travail de cinq années volatilisé", se désole cette sinologue dans les colonnes de Metronews.

L’agression. Jeudi dernier en début d’après-midi, Li Ma débarque à Roissy-Charles-de-Gaulle, en provenance de Pékin, où elle a participé à une conférence pour promouvoir son dernier ouvrage, Les travailleurs chinois en France dans la Première Guerre mondiale. Pour rejoindre Boulogne-sur-Mer, où elle réside, la chercheuse emprunte le RER B jusqu’à la Gare du Nord où elle prendra ensuite un train pour rejoindre son domicile.

Un butin d’une valeur inestimable. C’est au cours de ce trajet en RER qu’elle est agressée, à la station Sevran-Beaudottes. La prenant sans doute pour une touriste asiatique, cibles privilégiées des pickpockets et des voleurs de la capitale, un homme d’une trentaine d’années s’empare de son sac à main alors qu’elle est installée dans une rame où sont présentes quelques personnes. Mais personne ne bouge.

Dans le sac de la sinologue, des bijoux, des cartes bancaires, les copies d’exams de ses étudiants de l’université du Littoral-Côte d'Opale, où elle est maître de conférences… Et tous les travaux universitaires - consacrés notamment à l'immigration des Chinois en France au début du XXe siècle - qu’elle a menés ses dernières années. Le labeur de toute une vie.

Impossible de visionner les images de vidéosurveillance. Arrivée Gare du Nord, Li Ma va déposer plainte au commissariat. Le visage de son agresseur bien en mémoire, elle espère que les policiers vont pouvoir le pister et le retrouver grâce aux enregistrements de vidéosurveillance.

Mais la chercheuse essuie une deuxième déconvenue : les policiers accueillent vertement l’universitaire et lui expliquent qu’il est impossible de visionner les bandes de vidéosurveillance sans autorisation préalable. Ils refusent également d’enregistrer sa plainte, rapporte L’Express. C’est donc finalement auprès du commissariat de Boulogne-sur-Mer que Li Ma a pu déposer plainte.

Un appel sur les réseaux sociaux. Désespérée, la chercheuse lance désormais un appel à l’aide pour retrouver ses travaux de recherche. Une page Facebook a d’ores et déjà été créée. Cri de la dernière chance, elle assure qu‘elle est "prête à payer pour récupérer ses données".

En Chine, son appel a très vite été relayé par un journaliste, sur Weibo, l'équivalent chinois de Twitter. Résultat : 400.000 internautes l'ont consulté et cela provoque aujourd'hui des centaines de commentaires. Des Chinois qui à leur tour témoignent d'autres cas d'agressions en France. Et c'est l'image du pays qui est aujourd'hui atteinte, confie l'historienne à Europe 1.

Entendu sur europe1 :
 c'est vraiment très inquiétant pour l'image de la France 

 

"La police française manque de moyens mais j'étais très choquée. Je trouve que c'est vraiment très inquiétant pour l'image de la France aux yeux du tourisme chinois. Cela a aussi été relayé par les journaux chinois et cela donne une très mauvaise impression sur l'insécurité", estime-t-elle.